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PROGRÈS
DE L’ARCHÉOLOGIE
GRECQUE ET ROMAINE.

Je ne crois pas avoir à m’excuser d’entretenir le public de questions qui paraissent, au premier abord, ne devoir intéresser que quelques personnes; il me semble que je suis suffisamment justifié par l’importance que les études archéologiques ont prise depuis quelques années. Cette importance, que beaucoup de personnes trouvent inexplicable, s’explique cependant sans peine par les tendances générales de notre époque. Notre siècle appartient aux sciences; c’est une vérité que l’on ne conteste plus, et leur domination est si bien établie qu’elle se fait sentir même sur la littérature. Parmi les genres littéraires, ceux-là réussissent le mieux aujourd’hui qui ressemblent le plus aux sciences, et qui font, comme elles, plus d’usage du jugement que de l’imagination, par exemple la critique et l’histoire, et même il est visible, surtout depuis quelques années, que l’histoire et la critique cherchent à se développer de préférence du côté par où elles sont le plus scientifiques. Elles s’éloignent des grands développemens oratoires, des théories générales, dans lesquelles il entre toujours un peu d’arbitraire, et des considérations vagues d’esthétique, que chacun applique à sa fantaisie. Au contraire elles s’attachent de plus en plus aux textes, aux inscriptions, aux chartes, aux monumens de toute sorte; elles les publient, elles les analysent, elles les commentent avec ce soin minutieux que prennent les sciences physiques de multiplier les observations de détail, au lieu de perdre pied, du premier coup, dans des généralités douteuses. De là vient l’essor qu’ont pris sous nos yeux tous les genres d’érudition, l’étude des langues,