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M. Poinsot avait porté son attention sur le moyen de la rendre plus nette encore, en substituant au plan idéal dans lequel se meut le fil un objet matériel, dont la rotation de la terre déterminât le mouvement. La disposition qu’il proposa ne semble pas réalisable, mais elle fut peut-être l’occasion de l’invention du gyroscope. Le but primitif de cet instrument est de suspendre un corps de telle sorte qu’il reste indépendant de la rotation de la terre et que les supports, tout en entraînant son centre de gravité, ne changent nullement sa direction absolue dans l’espace. Il est clair que cette immobilité réelle contrastant avec la rotation terrestre, dont nous n’avons pas conscience, produira un mouvement relatif qui mettra celle-ci en évidence ; mais il faut pour cela que le système de suspension, permettant au corps tous les mouvemens possibles autour de son centre, ne puisse par cela même lui en imposer aucun. Les moyens de réaliser cette condition sont connus depuis longtemps : la recherche n’en était d’ailleurs qu’un jeu pour un mécanicien aussi expérimenté que M. Foucault, et son gyroscope y satisfait avec un art parfait. Si l’on se borne cependant à suspendre une masse de cette manière, l’expérience ne donne aucun résultat : le mouvement relatif ne se produit pas, et c’est le frottement qui l’empêche. On ne peut en effet affranchir le corps de toute attache ; si mobile que soit le support, il faut bien qu’il soit appuyé sur quelque chose, et malgré la finesse de l’exécution, le frottement intervient toujours dans le mouvement relatif des pièces en contact pour le ralentir ou pour l’arrêter. Pour éviter cet inconvénient, d’autant plus grave que les forces qu’il s’agit de mettre en évidence sont plus petites, M. Foucault, avant de suspendre son gyroscope, lui imprime une vitesse de deux à trois cents tours par seconde ; cette rotation n’augmente pas la pression sur les supports et les frottemens restent les mêmes, mais elle accroît la résistance qui serait nécessaire pour empêcher le mouvement relatif que l’on veut observer, et l’axe du corps peut alors s’arrêter en semblant par là se mouvoir, puisque tout tourne autour de lui.

L’idée de faire tourner un corps pour affermir la stabilité de son orientation dans l’espace est extrêmement ingénieuse ; elle repose sur un principe que l’auteur regarde comme évident, et qu’il justifie d’ailleurs par des expériences très faciles et très claires. Quelques explications semblent cependant nécessaires pour le mettre dans tout son jour.

Les géomètres anciens ont méconnu la loi d’inertie, c’est pour cela que la mécanique est une science toute moderne. Un point matériel isolé se meut en ligne droite et d’un mouvement uniforme tant qu’aucune cause étrangère ne vient le troubler. Nego ullum