Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 51.djvu/1016

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

uniquement destinés à recueillir les enfans pendant les absences forcées de leurs parens, et le conseil des hospices les prit à ce titre sous sa tutelle ; mais on comprit bientôt qu’ils étaient de véritables établissemens, sinon d’instruction, du moins d’éducation publique. C’est en effet dans les salles d’asile que les enfans prennent de bonne heure des habitudes d’ordre, de régularité, de propreté, de soumission et de respect de soi-même. Ces petits établissemens sont la meilleure préparation aux écoles, car on y apprend à apprendre, c’est-à-dire à écouter les leçons du maître.

Placées à ce titre sous la surveillance des comités institués par la loi de 1833, les salles d’asile restaient soumises à l’inspection journalière d’un certain nombre de mères de famille dont la coopération devait leur conserver le caractère d’établissemens de charité maternelle et à la haute surveillance d’une commission supérieure composée de dames placées dans les conditions sociales les plus élevées. C’est à tant de dévouemens volontaires qu’il est dû d’abord un tribut d’admiration ; mais la part du gouvernement qui a su comprendre, soutenir et encourager de tels efforts est encore assez belle pour qu’on puisse s’en enorgueillir comme d’une des innovations les plus intéressantes qui aient été introduites en France depuis plus d’un siècle, au double point de vue des intérêts matériels et moraux du peuple.

En 1837, date de l’ordonnance royale qui a élevé les salles d’asile au rang d’une institution nationale, il n’y en avait en France que 261 recevant 29,214 enfans. En 1848, on comptait 1,861 salles d’asile, dans lesquelles 24,287 enfans étaient recueillis et soignés.

En passant en revue les différens genres d’établissemens primaires, nous avons montré que le gouvernement s’était efforcé d’ouvrir des écoles pour tous les âges :

Aux enfans de 2 à 7 ans, les salles d’asile ;

Aux enfans de 7 à 13 ans, les écoles primaires élémentaires ;

Aux adolescens de 13 à 15 ans, les écoles primaires supérieures ;

Aux jeunes hommes au-dessus de 15 ans, les cours d’adultes.

Cette succession d’établissemens si bien ordonnée laissait encore une lacune : elle a été comblée.

Un certain nombre d’enfans parviennent souvent à leur treizième année sans avoir été envoyés dans des écoles. A cet âge, de meilleures dispositions de la part soit de leurs familles, soit d’eux-mêmes, soit des patrons chez qui ils sont placés en apprentissage, leur font désirer d’acquérir l’instruction primaire dont ils ont été privés. Trop âgés pour être admis dans les écoles élémentaires, trop ignorans pour être admis dans les écoles supérieures, ils sont trop jeunes pour être reçus dans les cours d’adultes. Ces écoles spéciales leur ont été destinées, savoir : les écoles d’apprentis pour les garçons, et les ouvroirs pour les jeunes filles.

On comptait, en 1848, trente-six écoles d’apprentis ouvertes dans dix-sept