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d’enseignement appropriés aux besoins des localités, et obtint ainsi l’établissement d’un assez grand nombre d’écoles qui depuis ont prospéré, et rendaient en 1848 les plus utiles services dans 327 communes.

Ainsi se formait peu à peu, grâce à des soins incessans, le courant de l’opinion publique si favorable aujourd’hui à ces utiles institutions. Les succès furent tout autrement rapides dans les simples écoles primaires. En 1830, on comptait 27,365 écoles publiques ou privées, fréquentées par 969,340 jeunes garçons. En 1848, 43,614 écoles, dont 35,953 écoles communales, en recevaient 2,176,079.

D’un autre côté, le gouvernement, persuadé que l’œuvre de régénération intellectuelle à laquelle il s’était voué ne pouvait être opérée sans le secours des mères de famille, a fait de grands et heureux efforts pour fonder des écoles de filles. Avant lui, aucune subvention spéciale, aucun encouragement direct de l’état ne venaient en aide à ces établissemens si întéressans à tant de titres. Cet état de choses cessa bientôt : en 1836, une ordonnance royale intervint qui appliquait aux écoles de filles une grande partie des dispositions de la loi de 1833 sur les écoles de garçons. A partir de cette époque, les progrès furent si rapides, que la France, où l’on n’avait pu constater en 1832 que l’existence régulière d’un millier d’écoles de filles, en comptait en 1848 19,414, dont 7,926 écoles communales recevant ensemble 1,354,056 élèves.

Mais après avoir assuré l’instruction aux enfans en état de la recevoir, l’administration s’était créé d’autres devoirs envers la partie de la population qui avait dépassé ou qui n’avait pas encore atteint l’âge des écoles.

De là la fondation des cours d’adultes et l’institution des salles d’asile.

Des cours d’adultes s’ouvrirent dans un grand nombre de localités sur la recommandation et avec l’appui du gouvernement. Les populations virent alors avec une sorte de respect des hommes dont quelques-uns étaient déjà arrivés à l’âge mûr remplacer courageusement le soir et le dimanche les enfans, quelquefois leurs propres enfans, sur les bancs des écoles, et s’y livrer avec une véritable ardeur à toutes ces études si faciles pour l’enfance, si pénibles pour les ignorances de vieille date. Ces cours se multiplièrent rapidement : en 1848, ils étaient au nombre de 6,877, et dispensaient à 115,164 adultes les premières connaissances qui leur manquaient pour se faire dans la société une place dont ils s’étaient rendus dignes par leur amour du travail.

Pour les salles d’asile, le gouvernement n’a pas à revendiquer le mérite de l’initiative ; il appartient entièrement à la charité toute chrétienne et toute maternelle d’un certain nombre de dames généreuses. Cependant on doit ajouter que sans l’appui du gouvernement cette admirable institution ne se serait pas généralisée en France.

Fondées à Paris par un comité de dames charitables, les salles d’asile furent dans l’origine considérées comme des établissemens d’utilité publique