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et atteignit vers la fin de la guerre le chiffre de 5,000. Les combats de Varèse, de San-Fermo, de Seriate, de Treponti, promettaient de bonnes recrues à l’armée de l’Italie renaissante. L’Emilie et la Toscane s’étaient délivrées elles-mêmes pendant la guerre. Tout de suite elles formèrent de petites armées : la Toscane comptait 9,500 hommes; Parme, Modène et Bologne 18,000 hommes; les Romagnes 12,000. C’étaient en tout 40,000 hommes environ, qui furent réunis sous le nom d’armée de la ligue. Le général Fanti organisa ces forces en quelques mois, vêtit et arma les soldats, fortifia Rimini et Mirandola, fit des travaux de défense à Bologne et à Plaisance, créa une fonderie de canons à Parme. Dès la fin de 1859, les magasins de l’armée de la ligue étaient pleins, et elle avait des provisions de guerre en abondance. En 1860, la campagne faite dans les Marches et l’Ombrie amena la bataille de Castelfidardo et le siège d’Ancône, où la nouvelle marine italienne eut pour la première fois occasion de se signaler : on n’a pas oublié ce coup hardi de l’amiral Persano, qui vint détruire à bout portant les défenses maritimes d’Ancône. Enfin cette même année 1860 nous présente la campagne fabuleuse, légendaire, de Garibaldi, partant avec 1,000 hommes pour renverser le trône des Bourbons de Naples, et le siège de Gaëte, glorieux surtout pour les assiégés, vint clore dignement la période militante de la régénération italienne. A dater de la capitulation de Gaëte, le nouveau royaume comptait 22 millions d’habitans.

L’armée napolitaine, qui en 1859 était forte de 85,000 hommes, se trouva en grande partie licenciée, et une faible partie de cet effectif seulement entra dans l’armée italienne; mais un nouvel élément se présentait pour prendre place dans les rangs de cette armée: c’étaient les soldats et les officiers de Garibaldi qui avaient reçu pendant la campagne de 1860 le nom d’armée méridionale. Au moment où il livra sur le Vulturne la bataille du 1er et du 2 octobre, Garibaldi avait 20,000 hommes en ligne, avec 26 pièces de canon et 8 obusiers de campagne. Cette petite armée avait une organisation plus régulière et plus forte qu’on ne le pense généralement : il faut bien qu’il en ait été ainsi pour qu’elle ait pu soutenir pendant deux jours et gagner seule[1] contre des forces supérieures cette bataille

  1. Le colonel Rüstow, officier au service de la Suisse, après avoir suivi comme délégué de son gouvernement dans le camp autrichien les événemens de la guerre de 1859, prit une part active à la campagne de 1860 comme colonel, puis comme général garibaldien. Il a publié en langue allemande une histoire très détaillée de tous les événemens militaires dont il fut témoin ou acteur. Cette relation, précise, minutieusement stratégique, appuyée de cartes et de plans, jouit d’une grande autorité. De l’exposé complet que le colonel Rüstow présente de la bataille du Vulturne, il résulte qu’un seul bataillon piémontais prit part à l’action vers la fin de la journée du 2 octobre.