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quais s’étendant de l’Institut à la place de la Concorde fut entreprise, et régularisa les rues qui viennent y aboutir. Sur l’autre rive de la Seine, la rue de la Monnaie ouvrit une issue directe de l’église Saint-Eustache à la rue Dauphine, du quartier des Halles à celui des Écoles. Un vieux pont en bois, souvent compromis par les crues du fleuve, reliait le quartier des Tuileries à la rue du Bac; il fut remplacé par le Pont-Royal. Baignée par un grand fleuve, la ville de Paris manquait d’eau; de nouvelles fontaines lui en fournirent. Une vaste promenade était désirée à proximité des nouveaux quartiers; c’est alors qu’on planta les Champs-Elysées. Ils étaient loin de l’élégance actuelle; mais la foule, qu’effrayait encore la distance de Boulogne et de Vincennes, accourait les jours de fête au Cours-la-Reine, où se pressaient les carrosses de la cour et de la noblesse. On a la preuve qu’au plus fort de ces travaux le gouvernement s’inquiéta de l’extrême développement de Paris. Le conseil délibéra, et le 26 avril 1672 des lettres patentes défendirent de construire au-delà des nouveaux faubourgs, par le motif « qu’il étoit à craindre que la ville de Paris, parvenue à cette excessive grandeur, n’eût le sort des plus puissantes villes de l’antiquité qui avoient trouvé en elles-mêmes le principe de leur ruine, étant très difficile que l’ordre et la police se distribuent commodément dans toutes les parties d’un si grand corps. » Que sont devenues ces appréhensions de la vieille école administrative? Les sociétés modernes n’y songent guère. Deux villes surtout, Londres et Paris, sont plus populeuses et plus riches que telles nations de l’antiquité et du moyen âge qui ont rempli le monde du bruit de leur nom. N’y a-t-il pas là, indépendamment du côté moral de la question, du vice qui engendre la misère ou qui l’exploite, du luxe provoquant le luxe, du crime se dérobant plus facilement aux enquêtes de la justice, des dangers d’un autre ordre et plus graves peut-être? Le problème est posé, l’avenir prononcera.

Un point important et souvent controversé depuis fut réglé par un arrêt du conseil du 31 décembre 1672. Quand d’obscures et étroites rues étaient élargies, les propriétaires des maisons qui profitaient de ces travaux onéreux à la ville devaient-ils contribuer à la dépense? Déjà résolue plusieurs fois affirmativement, la question restait néanmoins sujette à interprétation. L’arrêt du conseil la trancha définitivement en décidant que les propriétaires de quelques maisons de la rue des Arcis, situées en face de maisons démolies, supporteraient leur part de la dépense en proportion de l’avantage qu’ils en recevaient. Prise pour un cas particulier, cette décision fit règle; quelques années après (27 mai 1678), un arrêt du conseil enjoignait aux propriétaires de la rue Neuve-Saint-Roch de payer.