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tôt. En 1697, au moment de céder sa charge à d’Argenson, il insista sur les désordres qu’occasionnait le jeu et sur la nécessité d’y remédier. Le chancelier, c’était alors Pontchartrain, partageait ses idées, et il aurait bien voulu les faire prévaloir. « Sur le compte que j’ai rendu au roi de vos trois dernières lettres, lui répondit-il, sa majesté m’a ordonné de vous écrire qu’elle veut plus que jamais empêcher absolument les jeux publics. Sa volonté est donc qu’avant que vous quittiez la charge de lieutenant de police, vous m’envoyiez un mémoire exact de tous les lieux où l’on joue, de ceux qui y tiennent le jeu, et par quelle protection, afin que, par son autorité, elle renverse une bonne fois tous ces établissemens faits contre son intention. » En effet, le 14 février 1697, Pontchartrain écrivit à La Reynie que le roi avait invité le duc de Chartres, M. d’Effiat et plusieurs autres à ne plus laisser jouer chez eux; mais la seule mesure efficace, la suppression des jeux de hasard à la cour, ne fut pas prise : aussi, malgré les ordres du chancelier et quelques exemples sévères, d’Argenson fut tout aussi impuissant que son prédécesseur à corriger le mal.

Par la nature de ses fonctions, La Reynie était appelé à s’occuper des détails les plus divers. Ainsi les difficultés soulevées par les incidens des représentations théâtrales s’imposèrent plus d’une fois à son attention. Dirigés d’une manière à peu près arbitraire, les théâtres étaient souvent l’objet de sévérités extrêmes. A l’époque où La Reynie fut nommé, une question qui a pris l’importance d’un événement historique passionnait les Parisiens. Un chef-d’œuvre, le Tartuffe, achevé depuis 1664, ne pouvait se produire à la scène. Il eût été curieux de savoir quel rôle joua La Reynie dans ce mémorable débat, et s’il prit parti pour le grand poète. Sa correspondance est muette à cet égard. On sait qu’un troisième placet, présenté au roi le 5 février 1669, eut enfin un plein succès. Malgré l’intolérance des faux dévots et l’opposition de quelques gens de bien timorés, comme le président de Lamoignon, la comédie la plus réformatrice qui ait jamais été jouée, celle qui a le plus intimidé le vice honteux auquel elle s’attaque, était enfin autorisée. Ce jour-là, Louis XIV avait remporté une de ces victoires qui marquent parmi les plus glorieuses d’un règne et que la postérité n’oublie pas.

Les questions de théâtre n’étaient pas toutes de cette importance. Un agent de La Reynie, dépassant peut-être ses intentions, avait défendu les marionnettes. Louis XIV, à qui Brioché s’adressa, fut plus indulgent, et lui permit (16 octobre 1676) de se livrer à son industrie dans le lieu qui lui serait assigné. Une autre fois (4 février 1679), le roi autorisait le nommé Allart à représenter en public, à la foire de Saint-Germain, « les sauts, accompagnés de quelques discours, qu’il