II. — Le Progrès, par M. Edmond About, 1 vol. in-8o.
Ce qui arrivera de notre temps et de notre pays, la bien-aimée France, l’héroïne et quelquefois la victime de toutes les expérimentations publiques, — la prévoyance la plus sûre d’elle-même n’oserait le dire, tant une fortune variable nous promène à travers tous les contrastes et toutes les réactions. Certes cette France mobile, en apparence inconséquente et toujours irrésistible, est bien faite pour étonner par l’imprévu de ses évolutions. On la croit en pleine sécurité, en pleine et définitive possession d’une vie libre, et tout d’un coup elle tombe dans quelque fondrière inaperçue ; elle se prend à oublier tout ce qu’elle pensait, tout ce qu’elle sentait la veille, ne demandant qu’un pouvoir fort pour la protéger, n’aspirant qu’aux douceurs du repos absolu et du silence. C’est à peine si pour le moment elle peut souffrir l’indépendance et le mouvement de l’esprit. On croit que, fatiguée d’agitation, ayant retrouvé enfin l’ordre auquel elle aspirait, bien protégée, bien gardée et largement pourvue de tout ce qui est luxe ou bien-être, elle va se reposer indéfiniment sans songer à rien, et aussitôt elle se relève, elle s’inquiète,