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ture, il ne faut pas oublier non plus celle des publications agricoles. On compte beaucoup de ces publications en Néerlande, et cela ne doit point surprendre, car chacun sait combien le goût de la lecture est répandu dans ce pays. Beaucoup d’associations agricoles font paraître un bulletin de leurs travaux. Toutes les questions qui se rattachent à l’économie rurale sont traitées dans une quantité de brochures et de livres hollandais, et les ouvrages importans de l’étranger sont traduits. On publie aussi plusieurs recueils et journaux d’agriculture, parmi lesquels il faut citer en première ligne : de Vriend van den Landman de M. Enkelaar, le Landbouw-Courant et le Boeren-Goudmyn de M. L. Mulder, professeur de botanique à Deventer et directeur du jardin d’essais (Proeftuin), qui rend de si grands services en étudiant les plantes et les variétés nouvelles et en multipliant les graines de toutes les espèces reconnues réellement utiles, — enfin le Magazyn voor landbouw en kruidkunde de M. J.-C. Ballot, qui paraît à Utrecht. Le nombre croissant des lecteurs que comptent la plupart de ces publications périodiques prouve bien que les cultivateurs comprennent de plus en plus la nécessité de suivre attentivement ce qui se fait ailleurs et de modifier les pratiques vicieuses ou arriérées, en adoptant les réformes qui ont déjà donné de bons résultats.

J’ai essayé de montrer, en m’appuyant sur des chiffres, la transformation économique qui a fait de la Néerlande un des pays agricoles les plus productifs de l’Europe. J’ai indiqué les progrès accomplis et les facilités qui existent pour en réaliser de nouveaux. Maintenant il faudrait en terminant porter un jugement d’ensemble sur l’agriculture néerlandaise au point où elle s’est élevée; mais elle s’exerce sur un sol d’une nature si spéciale et dans des conditions si exceptionnelles qu’il est presque impossible de la comparer à celle des autres pays. La région verte, la zone des herbages, est d’une extrême fécondité : seulement cet avantage est dû tout entier à la nature. L’exploitation pastorale est simple et ne comporte pas de grands perfectionnemens. Le point principal est le choix du bétail; or ici la race qui s’est développée dans la contrée, sous l’action des influences locales, est parfaitement adaptée au climat et à la qualité de la nourriture, et elle répond complètement au but qu’on s’est surtout proposé, la fabrication du beurre et du fromage. Ce qu’on peut reprocher aux cultivateurs de toute la région basse, c’est leur négligence à recueillir les engrais. Je sais qu’il ne peut être question de fumier proprement dit, puisque l’on n’a pas de paille pour donner une litière au bétail, lequel, étant d’ailleurs nuit et jour au pâturage, depuis mai jusqu’en novembre, engraisse naturellement les prés qu’il pâture; mais il faudrait des fosses maçonnées pour recueillir le purin l’hiver, quand les animaux restent à l’étable. Que de fois j’ai vu