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nir avec le reflux. Jusqu’à présent, les chemins de fer ont fait défaut dans la plus grande partie du pays; mais, quand le réseau sera terminé, l’agriculture néerlandaise se trouvera, sous le rapport des voies de communication, dans les meilleures conditions.

Ce qui fait encore bien présumer de l’avenir, c’est le nombre vraiment étonnant des membres que comptent les différentes associations agricoles qui existent en Néerlande; ce nombre dépasse 20,000. La Société d’agriculture des deux provinces de Hollande, de Hollandsche Maatschappy van landbouw, avait à elle seule en 1860 plus de 7,000 associés sur une population de 1,141,000 âmes, tandis que la Société royale, d’agriculture d’Angleterre n’en avait que 5,000, et tous les comices et sociétés belges réunis que 6,000. Chaque province de la Néerlande possède au moins une société, ordinairement divisée en autant de sections qu’il y a de régions distinctes. Ces sections se réunissent plusieurs fois dans l’année, pour examiner les questions à l’ordre du jour. S’agit-il d’une amélioration nouvelle, chacun apporte le tribut de ses lumières, expose les résultats de ses expériences, et s’instruit en prenant connaissance de ceux qu’on a obtenus ailleurs. Petits et grands cultivateurs, fermiers et propriétaires se rencontrent; la fusion des classes tend à s’établir; des notions pratiques appuyées d’exemples et présentées sous une forme vivante pénètrent peu à peu dans les campagnes; tous les griefs peuvent se produire, se discuter librement; une opinion publique éclairée se forme parmi l’élite des populations rurales. L’esprit de routine est attaqué sur son propre terrain, et ne tarde pas à perdre son empire; les bons effets de ces modestes institutions sont donc incalculables, et on ne saurait trop en encourager la multiplication. Une ou deux fois par an, l’association centrale réunit les membres des sections en une assemblée générale ordinairement suivie d’une exposition de produits agricoles ou d’animaux domestiques, d’un concours ou d’essais d’instrumens aratoires. Ce sont là les fêtes utiles et instructives de l’agriculture moderne. On parle maintenant dans les Pays-Bas de réunir en une puissante fédération les 20,000 membres des associations provinciales, dont le nombre s’élèverait bientôt, espère-t-on, à 40,000, si la cotisation annuelle n’était que de 1 florin. On arriverait ainsi, sans l’intervention de l’état, à disposer d’une somme importante qu’on pourrait consacrer à distribuer des primes, à récompenser des inventions nouvelles ou des livres utiles à l’agriculture, et à organiser de magnifiques expositions. Dès ce moment, le congrès agricole néerlandais, qui tient ses séances une fois par an, tour à tour dans chaque province, répond au but qu’on a en vue; mais ce serait un moyen de lui donner plus d’éclat, de ressources et d’action.

Parmi les influences qui tendent à favoriser les progrès de la cul-