Nous voudrions en chercher les preuves directes et irréfutables dans les chiffres et dans les faits qu’ont pu recueillir les statistiques officielles. Au retour d’un voyage entrepris pour étudier l’économie rurale d’un état étranger, on aime à contrôler ses observations personnelles en les comparant aux données les plus exactes émanées du pays même qu’il s’agit de faire connaître. C’est le meilleur moyen de se rapprocher de la vérité et de présenter au lecteur un tableau fidèle, dont il peut lui-même apprécier les élémens.
Quelle est d’abord l’étendue du domaine agricole de la Néerlande, et quelle place y occupe chaque genre de culture? Le territoire du royaume des Pays-Bas mesurait 3,275,533 hectares en 1858; mais il faut remarquer que ce chiffre change d’année en année : il s’accroît en moyenne de 1,000 hectares par an, grâce aux conquêtes faites sur les eaux. La terre, on le sait, est encore ici en voie de formation, et les fleuves travaillent de concert avec l’homme à étendre le fonds productif dont celui-ci peut disposer. Les chemins, les lacs, les canaux, les maisons, prennent 169,000 hectares; reste donc pour la superficie susceptible de livrer quelque produit à l’agriculture un peu plus de 3 millions d’hectares, ce qui fait dix-sept fois moins que la France, qui compte environ 50 millions d’hectares imposables, et 400,000 hectares de plus que la Belgique, qui n’en a que 2,600,000. D’après un document dont les données restent encore aujourd’hui opportunes et significatives, le domaine agricole de la Néerlande en 1859 se partageait ainsi :
Froment | 85,000 hectares |
Seigle et sarrasin | 255,000 — |
Avoine et orge | 129,000 — |
Légumineuses, panais, racines | 80,000 — |
Pommes de terre | 100,000 — |
Plantes industrielles | 60,000 — |
Jachère | 21,000 — |
Prairies permanentes | 1,352,000 — |
Bois | 225,000 — |
Terres vagues | 702,000 — |
Ce tableau montre qu’avec la Suisse, la Néerlande est le pays où les herbages occupent le plus de place. En y ajoutant les racines fourragères et les prairies artificielles, on trouve que la superficie consacrée à nourrir les animaux domestiques est de l,400,000 hectares, c’est-à-dire deux fois aussi grande que celle destinée à des