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et l’Atlantique, les Américains ont senti la nécessité d’une prompte exploration des rivières, des ports et des rades que leurs bâtimens de commerce parcourent sans cesse. Ils se sont mis à l’œuvre sur tous les points à la fois, dans les états du nord, en Californie et dans le golfe du Mexique : ils ont exécuté une foule de triangulations partielles qui se relient et se contrôlent mutuellement, et dont l’ensemble donnera plus tard, si les événemens politiques permettent que l’œuvre s’achève, les positions géographiques des principaux points de ce vaste continent. Le lever des côtes de l’Union américaine est commencé depuis 1832, et n’était encore qu’à moitié fait lorsque la guerre actuelle éclata, quoiqu’on ait mis en usage les méthodes les plus promptes et les procédés les plus expéditifs.

Malgré l’activité imprimée depuis cinquante ans aux travaux géodésiques et à l’exploration topographique de la surface terrestre, la planète que nous habitons est, on a pu s’en convaincre par cette étude, encore peu connue. En dehors de l’Europe et des colonies européennes, nous ne pouvons tracer sur le papier que les grands linéamens du terrain; la configuration du sol, la hauteur et la direction des montagnes ne sont que grossièrement représentées sur les cartes. Quelques portions centrales des continens restent même encore en blanc. Ces lacunes se comblent de jour en jour; mais les travaux topographiques entraînent des lenteurs telles qu’il n’est pas permis d’entrevoir encore l’achèvement de cette entreprise immense, — la mesure et la représentation du globe terrestre. Les travaux de nos topographes modernes sont-ils au moins définitifs, ou bien deviendra-t-il nécessaire de recommencer dans un avenir plus ou moins proche la carte de France de l’état-major, de même qu’on a recommencé la carte de Cassini? Il n’y a pas de doute que les méthodes et les instrumens, en se perfectionnant progressivement, permettront d’atteindre une exactitude plus grande. On ne se contente plus aujourd’hui des approximations qui suffisaient à Delambre et à Méchain au commencement de ce siècle. Il est question déjà de réviser les longitudes au moyen de signaux électriques. On a reconnu que les hauteurs, sauf celles des points géodésiques, n’étaient pas assez bien fixées, et l’on a entrepris un nivellement général du territoire, qui est déjà terminé sur les grandes voies de communication et s’étendra plus tard sur toute la surface du pays. Les cartes seront refaites peu à peu et maintenues au niveau des besoins de l’époque.

Ce qu’il y a peut-être de plus regrettable à cette heure, c’est l’isolement dans lequel se renferment la plupart des nations qui contribuent aux opérations de ce genre. Autant de pays, autant de mesures différentes, autant d’échelles et de conventions variables