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rédigées d’après les itinéraires que dessinent les officiers en parcourant le pays dans tous les sens. Ne pouvant exécuter une triangulation régulière, ils prenaient pour base quelques observations astronomiques; ils mesurent les hauteurs avec le baromètre, ils évaluent les distances d’après le temps employé pour les parcourir. Pour les cantons qu’ils ne peuvent visiter eux-mêmes, ils mettent en œuvre les renseignemens fournis par les habitans. Néanmoins ces reconnaissances militaires sont toujours précieuses pour la géographie et sont d’autant plus utiles qu’elles se font en général dans des contrées presque inconnues auparavant.

La triangulation géodésique de l’Angleterre, commencée en 1783, n’a été terminée qu’en 1858. Après de nombreux levers partiels qui sont devenus inutiles faute d’avoir été coordonnés et rapportés à un plan commun, après de longues hésitations quant à l’échelle qu’il convenait d’adopter, il a été décidé, comme on l’a dit plus haut, que des cartes cadastrales et topographiques à trois échelles différentes seraient publiées simultanément. Cette vaste entreprise exigera bien des années de travail. Quelques feuilles en sont déjà publiées. Quoique dessinées avec un certain luxe, il faut reconnaître qu’elles ne sont pas aussi satisfaisantes d’aspect que les cartes françaises. Il y a toujours dans la gravure quelque chose de dur et de heurté, et lorsque les couleurs y sont employées, en particulier dans les cartes géologiques, on y remarque une crudité de tons qui fatigue l’œil. Les Anglais poursuivent en outre des travaux topographiques considérables dans leurs colonies, et notamment aux Indes orientales. Après avoir exécuté dans cet immense empire une triangulation très étendue, et après avoir mesuré des arcs terrestres d’une grande amplitude, tant du nord au sud que de l’est à l’ouest, ils ont résolu de continuer leurs opérations géodésiques vers le nord, à travers le Turkestan chinois, jusqu’aux frontières des possessions russes. On ne pourra manquer d’obtenir ainsi d’importantes notions sur la géographie encore obscure de l’Asie centrale.

Les états qui composent le centre de l’Allemagne se sont entendus récemment pour entreprendre en commun des mesures géodésiques, afin d’étudier les irrégularités de forme du globe terrestre. Outre les conséquences purement théoriques qu’on pourra en tirer sur une question si souvent débattue, les observations nouvelles auront l’avantage de relier entre elles les triangulations de diverses contrées. On se propose de déterminer avec beaucoup de soin, par la méthode télégraphique, les longitudes des principales villes, Leipzig, Berlin, Prague, Vienne. Grâce aux travaux persévérans du général de Bayer, le territoire prussien est déjà couvert d’un réseau géodésique dont l’exécution ne laisse rien à désirer, et qui s’étend