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atelier de science où s’élèvent plus de soixante chaires autour desquelles se pressent jusqu’à douze mille étudians. Voilà ce qu’on fait contre l’ignorance.

Voici maintenant ce qu’on a fait contre la misère. La mendicité d’abord est vaillamment combattue par des hommes de bien dont l’infatigable dévouement remporte chaque jour de nouvelles victoires. Lorsque François II quitta sa capitale, il y laissa de 13 à 14,000 mendians. C’est tout au plus s’il en reste à cette heure quelques centaines. Toutes les institutions de bienfaisance, désormais réformées, ne sont plus comme autrefois d’ignobles taudis où un monde d’employés sans foi ni cœur dévorait l’argent des pauvres. L’hospice des enfans trouvés, qui tuait naguère 75 nouveau-nés sur 100, est devenu, sous la direction gratuite de M. Vincenzo Paladino, le plus beau d’Italie et peut-être du monde. La prostitution est enfin surveillée et disciplinée, le vagabondage réprimé par des lois sévères. Toutes ces abjectes manifestations du même vice social, dont le brigandage n’est que l’explosion violente, vont s’effaçant de jour en jour sous la vigilance de la police et de la charité; mais ce n’est là qu’un des côtés de la question. Ce qu’il faut aux malheureux, c’est plus que les secours passagers de l’aumône, c’est le pain quotidien, le travail de chaque jour. Eh bien ! même en ce point, malgré les embarras financiers, les troubles politiques et les déchiremens administratifs, l’activité du pouvoir a décuplé sous le nouveau régime. Le chemin de fer qui s’arrêtait à Vietri va maintenant de Salerne à Eboli, jusqu’au pied des montagnes. Foggia, qui ne tenait pas même aux Abruzzes par une simple route, tient aujourd’hui à Turin par une grande voie ferrée. Les wagons, qui depuis douze ans ne dépassaient pas Capoue, roulent jusqu’à Rome. Confié à une compagnie sérieuse, le réseau ferré des Calabres occupe déjà le monde laborieux des ingénieurs. Des lignes transversales doivent couper, au moins sur deux points, la partie méridionale de la péninsule. Quelques routes nouvelles sont achevées, beaucoup d’autres sont entreprises. On en signale cinq partant de Bénévent. Les ports se creusent, les phares s’allument, les chantiers et les arsenaux travaillent; le far niente du bon vieux temps n’existe plus, même dans les cloîtres, convertis en vastes ateliers. Les prisons, assainies, disciplinées, moralisées, ne sont plus ces bouges honteux qu’a décrits M. Gladstone : la camorra cette iniquité barbare, n’y existe plus; les détenus sont traités d’une façon chrétienne. L’état économique du pays change d’heure en heure; le prix des vivres, des terrains, des bestiaux, de la main-d’œuvre, augmente, et la valeur de l’argent diminue à vue d’œil, ce qui n’a jamais été, que je sache, un signe de dépérissement. La population des villes s’accroît dans une proportion considérable ; les Italiens du nord inon-