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reste à parler de cette industrie au point de vue économique, en recherchant quelles circonstances peuvent agir sur son développement.

J’ai donné plus haut le chiffre de la consommation actuelle du gaz dans Paris. Chacun peut s’expliquer les variations qui y sont apportées par les différentes saisons. On compte, toute compensation faite, sur une consommation dont la durée moyenne serait de cinq heures par jour pendant chaque mois de l’année ; mais il se présente des circonstances où la dépense de gaz s’accroît dans les plus vastes proportions, à l’occasion des fêtes publiques et des illuminations générales. Il faut doubler alors la production dans les usines. S’il était nécessaire de recourir à des fours et appareils supplémentaires qui ne serviraient qu’à de si rares intervalles, les frais généraux seraient accrus dans une proportion qui réagirait défavorablement sur le prix de revient du gaz. On en était pourtant là, il y a quelques années. Maintenant cette augmentation exceptionnelle dans la consommation du gaz, lors même, comme cela est arrivé, qu’elle est annoncée à peine quelques heures à l’avance, n’impose plus aux compagnies d’accroissement notable dans les frais généraux. C’est plutôt une source de bénéfices additionnels, car les recettes augmentent alors dans la même mesure que les livraisons de gaz.

A première vue, la solution du problème semble bien difficile ; rien n’est plus simple cependant. Tout le secret consiste dans l’emploi d’une matière première dont on s’approvisionne pour d’autres circonstances accidentelles encore, et qui, dans un espace de temps « gai relativement à la même capacité des cornues, peut subvenir à une production de lumière douze fois plus grande : c’est le schiste bitumineux d’Ecosse, désigné sous le nom de bog-head. Il contient plus des trois quarts de son poids (77 centièmes) d’une substance bitumineuse particulière, car elle est presque entièrement insoluble dans les liquides dissolvans ordinaires des bitumes (le sulfure de carbone, l’essence de térébenthine et la benzine).

La substance bitumineuse du bog-head peut être obtenue, partiellement décomposée, à l’aide d’une distillation ménagée, sans « lever la température au-delà de 350 à 400 degrés. On recueille ainsi de 35 à 40 centièmes d’une huile goudronneuse qui, rectifiée par l’acide sulfurique, par des lavages et des distillations, donne des hydrocarbures très volatils, propres à l’éclairage dans les lampes à schiste. Les hydrocarbures plus lourds s’emploient pour extraire la quinine des quinquinas ; on brûle les autres pour recueillir du noir de fumée : il reste des goudrons épais, d’où l’on peut extraire de la paraffine applicable à la préparation des bougies demi-translucides.