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journellement 21,000 mètres cubes de gaz, alimentant (pour une consommation journalière de 625 litres par bec durant 5 heures) 33,600 becs, donnant chacun une quantité de lumière égale à celle d’une lampe carcel qui brûlerait 42 grammes d’huile par heure ou 210 grammes en 5 heures[1].

Un remarquable perfectionnement appliqué, il y a un an à peine, avec succès semble devoir se généraliser et procurer à la Campagnie parisienne une économie d’un tiers du combustible. Le point de départ de cette heureuse innovation est une pensée émise à peu près simultanément par Ebelmen, enlevé récemment à la science, et par M. Laurens, ingénieur de l’École centrale. M. Siemens a su depuis réaliser cette pensée à l’aide de dispositions spéciales pour le chauffage des fours de verrerie et des usinés à gaz : on fait brûler la houille ou le coke avec une quantité d’oxygène inférieure de moitié à celle qu’exigerait la combustion complète. On engage ainsi le charbon dans une combinaison gazeuse, oxyde de carbone, combustible elle-même, et donnant à volonté par un nouvel accès d’air atmosphérique une flamme bleue capable de transmettre quatre fois autant de chaleur que la première quantité produite par la formation de l’oxyde de carbone[2]. Cette flamme volumineuse, dirigée sous chacune des voûtes, supprime le foyer, qu’on remplace par une huitième cornue ; elle donne un chauffage régulier en enveloppant les huit vases distillatoires. Dès lors les ateliers ne sont plus embarrassés par les amas de combustible ni par le service des foyers anciens, car la production du gaz oxyde de carbone destiné au chauffage a lieu dans des fours spéciaux que l’on établit à une distance variable à volonté de l’atelier de distillation. Cette méthode nouvelle permet le facile emploi des houilles ou cokes de qualité inférieure contenant de fortes proportions de matières terreuses. La disposition des appareils, qu’il nous reste à décrire, n’est d’ailleurs pas changée ; les perfectionnemens nouveaux sont indépendans de ce mode particulier de chauffage économique.

Comme autrefois, à chaque extrémité des cornues, un tuyau de fonte vertical, ascendant, puis recourbé en siphon, conduit le gaz vers un barillet commun. C’est un gros tube horizontal, en tôle ou en fonte, d’environ i mètre de diamètre, d’abord à moitié rempli d’eau, qui, bientôt évaporée, se trouve remplacée par le goudron le moins volatil, entraîné par le courant gazeux et condensé au pas-age.

  1. Ainsi donc quatre massifs de ces fours fournissent une quantité de gaz qui alimente 134,000 becs ; ceux-ci, dans le cours d’une année, c’est-à-dire pour une moyenne de 5 heures pendant 365 jours, consomment 30,600,000 mètres cubes de gaz.
  2. Telle est aussi la cause de la production des flammes légères, bleuâtres, que chacun a pu remarquer au-dessus du coke incandescent amoncelé sur les grilles des foyers d’appartement.