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LA GRECE
DEPUIS LA REVOLUTION DE 1862

II.
LA SOCIETE GRECQUE ET LA CHUTE DU ROI OTHON.

La Grèce est le plus petit des royaumes de l’Europe ; elle n’a pas 1,200,000 habitans, et ses revenus montent à peine à 20 millions. Si on ne devait la considérer qu’au point de vue de la puissance matérielle, elle serait à peine digne de l’attention des hommes d’état. Aujourd’hui ce petit royaume traverse une crise grave, à laquelle malgré tout il faut prévoir dans l’avenir une heureuse issue, mais qui a temporairement le résultat de toutes les révolutions, celui d’affaiblir le pays et de gêner son action en dehors de ses frontières. Avec ses finances délabrées et son armée désorganisée, la Grèce ne saurait de longtemps donner à la Turquie des inquiétudes directes au point de vue militaire. Elle n’aurait pas les moyens d’entreprendre une campagne pour affranchir l’Épire, la Thessalie, la Macédoine ou la Crète, ou même de fomenter et de soutenir une insurrection sérieuse dans ces provinces contre l’autorité de la Porte. Aussi bien des gens, après avoir cru la Grèce capable de conquérir à elle seule une grande partie de l’empire ottoman, après s’être fait une idée trop haute de ses forces, en sont venus, par l’excès contraire, à la considérer comme un pays nul, sans influence et sans avenir, condamné à végéter dans l’anarchie sur son étroit territoire. La nation grecque paie durement aujourd’hui, bien plus encore que certaines fautes de ses chefs de partis, l’exagération de