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programmes. Dès à présent les recteurs seront saisis ; ils les mettront à l’épreuve autant que le comportent les ressources des lycées et les éclaireront par une première expérience.

En quoi consiste le système du ministre de l’instruction publique ? En apparence rien de plus simple. Le plan d’études adopté en 1852, et qui, sous le nom de bifurcation, a soulevé tant de plaintes, lui paraît être une erreur. Il s’en sépare résolument. Ce n’est, à tout prendre, qu’une bifurcation artificielle ; on a bâti Chalcédoine quand on avait l’emplacement de Byzance sous les yeux. Une bifurcation naturelle existait dans la législation de 1793 et de l’an III, reproduite et prescrite en 1850, livrée depuis aux aventures et appliquée empiriquement. Il suffit d’y revenir et de l’affermir. Sur la base de l’enseignement primaire s’élèveraient parallèlement deux enseignemens secondaires, l’un classique pour les carrières libérales, l’autre professionnel pour les carrières du commerce, de l’industrie et de l’agriculture. Cet enseignement professionnel, qui aurait une durée de quatre années, comprendrait la langue et la littérature françaises, les langues vivantes, l’histoire et la géographie, des notions élémentaires de morale, d’économie et de législation industrielle, la comptabilité, les mathématiques appliquées, la physique, la chimie, l’histoire naturelle, le dessin linéaire, d’ornement et d’imitation, la gymnastique et le chant. L’uniformité des programmes n’exclurait pas les études particulières à l’usage d’industries locales. Déjà, au lycée du Puy, le dessin des dentelles est compris dans les leçons ; à La Rochelle, il y a des cours d’hydrographie et de construction navale. Ces exemples seraient suivis. Dans la vallée du Rhône, on insisterait sur ce qui touche l’industrie de la soie, dans les bassins du Forez sur les applications de la métallurgie, dans les villes maritimes sur la géographie et la législation commerciale. Pour mieux assurer cette élasticité des règlemens, un conseil de perfectionnement serait institué auprès de chacun des collèges français, et des chefs d’industrie et de commerce seraient appelés à y figurer. Enfin, comme dernière sanction, un diplôme es arts serait délivré par un jury spécial aux élèves les plus méritans, et il y aurait lieu d’examiner plus tard si ce diplôme n’ouvrirait pas aux titulaires l’accès de certaines carrières administratives.

Quant au siège de cet enseignement, il est tout désigné ; les lycées lui seraient ouverts. Toute au Ire combinaison semble impraticable. Comment, dans l’état de nos finances, demander au corps législatif 50 ou 60 millions pour l’érection de quatre-vingt-neuf maisons nouvelles, à ne compter qu’un seul collège français par département ? Ce ne serait là d’ailleurs qu’une portion de la dépense ; à ces bâtimens neufs il faudrait attacher un personnel administratif et enseignant