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AUSTIN ELLIOT
ETUDE DE LA VIE ARISTOCRATIQUE ANGLAISE[1]


I

Dans les premiers jours du printemps de la mémorable année 1789, trois jeunes gens de grand courage et de grande espérance, curieux de la vie et l’envisageant d’avance sous ses plus rians aspects, se séparèrent aux portes de Christ-Church, un des collèges d’Oxford, pour marcher sur les routes différentes qui s’offraient à leur ardeur. Le premier, nommé Jenkinson, — mais que peu de personnes connaissent sous ce nom, — s’appela plus tard lord Hawkesbury et mourut comte de Liverpool. Le rôle important qu’il a joué dans les affaires européennes lui a mérité mainte notice biographique : nous n’avons donc pas à nous occuper ici de sa destinée ; mais nous parlerons avec plus de détail des deux autres.

George Hilton, le plus beau, le plus intelligent des deux, passa sur le continent presque aussitôt après sa sortie d’Oxford. Il rencontra son ami Jenkinson sous les murs de la Bastille assiégée, et revint en Angleterre au mois de septembre, ramenant pour femme une aimable et délicate créature, frêle rejeton enlevé à l’une des plus hautes tiges de l’aristocratie française. Son père l’avait volontiers donnée à ce jeune et riche négociant anglais, pour la soustraire aux dangers et aux misères de la crise politique alors imminente. Il ne prévoyait pourtant pas que les fêtes de la Noël ne la retrouveraient

  1. Austin Elliot, by Henry Kingsley, 2 vol. London and Cambridge, Macmillan and C°, 1863. — Ce nouveau roman de l’auteur d’Alton Locke nous a paru se prêter à un mode d’interprétation que nos lecteurs connaissent déjà, et que nous appliquons volontiers aux œuvres d’élite. Sans donner ni le récit même ni tout ce qu’il comporte de développemens, un travail de ce genre permet de l’apprécier dans son ensemble et d’en pressentir la portée morale aussi bien que le mérite littéraire.