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traversent, ont produit une coupe naturelle où le géologue voit la superposition de tous les étages, depuis la craie inférieure jusqu’à la molasse tertiaire. Ces couches sont on ne peut plus riches en fossiles : M. Renevier y a reconnu trois cent quarante-quatre espèces.

À partir de Genève, le Jura se rapproche des Alpes, et les deux chaînes se joignent et se confondent aux environs du lac du Bourget et à la Grande-Chartreuse de Grenoble. Rien de plus intéressant pour l’orographie que d’étudier comment elles se soudent, et comment les formes de l’une passent à celles de l’autre. Les travaux de M. Alphonse Favre sur le Salève, sa carte géologique du pays compris entre le lac de Genève et le Mont-Blanc, les études de M. Mousson sur les environs d’Aix en Savoie, concourent à la solution du problème. Les géologues français ne restent pas- inactifs. M. Lory en Dauphiné, MM. Chamousset, Vallet et Pillet en Savoie, explorent avec un zèle infatigable cette zone intéressante, et, grâce à eux, nous aurons un jour une orographie alpine aussi claire, aussi simple que celle du Jura. Ce sera un grand pas de fait, un acheminement considérable vers l’intelligence du mode de formation des chaînes de montagnes, dont l’ancienne théorie des soulèvemens suivant la verticale ne saurait rendre compte dans l’état actuel de nos connaissances.

La physique du globe est l’initiatrice de la géologie, et l’étude des phénomènes actuels nous dévoile ceux dont nous voyons les traces à la surface de la terre. Un mémoire de M, Venetz, inséré en 1833 dans le premier volume du recueil, traite des variations de la température dans les Alpes de la Suisse. L’auteur, ingénieur des ponts et chaussées du Valais, reconnut le premier que les glaciers de la Suisse étaient jadis plus étendus qu’ils ne le sont aujourd’hui. Il s’assura qu’ils descendaient autrefois dans des vallées valaisanes dont ils n’occupent actuellement que la partie supérieur Ce phénomène, en apparence local, limité originairement au Valais, a été bientôt constaté dans toute la Suisse, les Vosges, les Pyrénées, les montagnes de l’Ecosse et de la Scandinavie, le Caucase, l’Himalaya, le nord et le sud de l’Amérique. La terre, avant ou depuis l’apparition de l’homme, a donc passé par une période de froid dont les causes sont encore à rechercher, mais dont la réalité n’est plus contestée[1].

La paléontologie animale et végétale occupe une grande place dans les mémoires de la Société helvétique. Le professeur Heer de Zurich y a fait connaître les nombreux insectes fossiles dont les

  1. Voyez, dans la Revue des Deux Mondes du 1er mars 1847, Recherches sur la période glaciaire.