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dire, en possession du pouvoir exécutif. — Les sessions terminées, c’était le sénat, non le roi, qui recueillait toute cette puissance ; mais le sénat lui-même, ancien refuge de la haute noblesse, était entièrement sous la main de la diète. En effet, chaque sénateur, nommé pour trois ans, ne pouvait être choisi par le roi que sur une liste de trois candidats proposés par elle ; le sénat était responsable envers la diète seule de son administration pendant l’intervalle des sessions, et les états pouvaient exclure de cette haute assemblée tout membre dont ils désapprouvaient la conduite. Par le sénat, la diète imposait au roi toutes ses volontés ; pour tout emploi d’une certaine importance, militaire ou civil, le roi ne pouvait nommer que sur une liste présentée par les sénateurs, qui disposaient directement et à la pluralité des voix des postes les plus élevés. D’ailleurs le sénat s’assemblait sans convocation royale, prenait connaissance des correspondances diplomatiques, traitait les plus graves affaires même en l’absence du roi, et ne lui laissait que le soin d’apposer sa signature à des décisions qui n’étaient pas les siennes. — Le roi ne différait des autres sénateurs qu’en ce qu’il avait deux voix dans leurs délibérations, et que son opinion, en cas de partage, était décisive ; mais du reste il n’avait pas même le droit de se prononcer légalement contre les propositions des états. Il ne pouvait, sans leur consentement, ni faire la paix ou la guerre, ni conclure des traités, ni lever des troupes, ni équiper des flottes, ni construire des forteresses ; il dépendait de la diète pour les crédits d’argent, qu’elle lui mesurait avec avarice ; il n’était pas libre dans l’économie de sa maison et le choix de son entourage ; il n’avait pas même le droit entier de faire grâce, puisque le sénat pouvait infirmer sa résolution. La dignité royale n’en était pas moins proclamée inviolable et héréditaire ; le roi pouvait, en de certaines limites, faire des comtes et des barons et introduire de nouveaux membres dans la chambre des nobles ; il était enfin la source visible, mais non réelle, de toutes les grâces : c’était une royauté de nom ; on avait, pour condescendre aux vieux préjugés encore subsistans dans la masse de la nation, conservé le titre plutôt que l’office de roi.

La diète gouvernait donc, mais dominée elle-même par la noblesse, dont la constitution de 1720 était l’œuvre. Des quatre états, celui des paysans était fort peu compté : il acceptait par exemple d’être exclu du comité secret en qui résidait le pouvoir exécutif ; les bourgeois, en acquérant une certaine richesse, n’avaient pas obtenu une part considérable d’autorité ; le clergé faisait enfin cause commune avec la noblesse en tâchant de s’élever jusqu’à elle. Cependant cette noblesse était pauvre : les anciennes maisons avaient été ruinées par la réduction, et les nouvelles n’avaient pour fondateurs