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LA

BAGUE D’ARGENT

DERNIÈRE PARTIE[1].

XL

L’entretien que Lucy avait demandé à la baronne d’Espérilles commença par un choc de paroles amères.

— Ma chère enfant, dit la baronne après avoir reçu les premières confidences de la jeune femme, c’est que le monde est plein d’incrédules et qu’il a beaucoup de malice...

— Madame, répliqua vivement Lucy, vous me reprochez, si je vous entends bien, d’habiter la même maison que M. le comte Lallia ; mais est-ce qu’on n’y voit point d’autres habitans que lui et moi ? N’est-ce pas un logis qui ressemble à tous les logis ?...

— Il est plus riche, reprit la sainte femme. Ne savez-vous pas qu’il est écrit que la maison du scandale sera dorée au dedans et au dehors ? C’est ce que vous avez vérifié. Et cette belle liaison a fait enfin prononcer un mot ! . . . Dieu me garde de le redire ! . . .

— Dieu vous en garde en effet, madame ! s’écria Lucy. Et la baronne eut la joie de la voir détourner la tête pour cacher les larmes qui la gagnaient. Ce n’était point de la colère qui les faisait couler ; pour avoir encore de la colère, Lucy ne conservait plus assez de force. Une heure d’entretien avec la terrible parente avait tout usé.

  1. Voyez la Revue du 15 janvier et du ler février.