Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 49.djvu/732

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES
ANTILLES FRANCAISES
ET
LA LIBERTE COMMERCIALE

Les résultats de la grande expérience du travail libre aux Antilles sont aujourd’hui connus[1]. L’avènement de la propriété moyenne, le développement de la petite culture y sont désormais assurés. Ce n’est point assez cependant que d’avoir donné au travail colonial une impulsion féconde ; il faut qu’à l’accroissement de la production réponde un accroissement de débouchés, et ici se présente un sujet d’études non moins intéressant que le premier. Ici encore nous pouvons contrôler par des souvenirs et des observations personnels les résultats déjà obtenus et les espérances qu’on est en droit de concevoir.

La grande guerre du libre échange semble terminée en Europe. Le terrain que gagnent chaque jour les nouvelles doctrines dans le domaine de la pratique en est la preuve. Il s’en faut de beaucoup néanmoins que le combat ait cessé partout, et de même que parfois, aux extrémités d’un champ de bataille, un engagement partiel continue quelque temps après la charge qui a décidé la victoire au centre, de même l’armée protectioniste n’est pas si bien en déroute qu’on n’en voie de loin en loin quelque bataillon isolé s’acculer dans une dernière tentative de résistance avant de lâcher pied définitivement. Ce qui se passe dans les Antilles françaises depuis quelques années ressemble beaucoup à une de ces escarmouches.

  1. Voyez sur le Travail libre et l’Émigration aux Antilles la Revue du 15 décembre 1863.