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qu’à 385,000 hommes, à savoir : infanterie, garde et grenadiers, 40,000 hommes ; ligne, 130,000 ; — cavalerie régulière, 55,000 hommes ; — artillerie et génie, 30,000 hommes ; — armée du Caucase, 130,000 hommes ; — total 385,000 hommes, auxquels on peut ajouter environ 150,000 hommes de corps de cosaques et de cavalerie colonisée. Ces chiffres semblent approcher de la réalité[1]. Au moment de la guerre de Crimée, la grande armée d’opération devait compter 418,166 hommes d’infanterie, 99,260 hommes de cavalerie et 31,548 hommes d’artillerie et de génie, c’est-à-dire en somme environ 550,000 hommes en dehors de l’armée du Caucase (dont l’évaluation variait de 116,000 à 165,000 hommes), et sans compter 126,000 hommes de troupes irrégulières et des colonies militaires. Avec cet effectif annoncé, la Russie n’a jamais pu réunir 200,000 hommes sur le principal champ de bataille. Les états, fictifs en partie, portaient l’armée du Caucase à 250,000 hommes. L’ensemble des troupes aux besoins desquelles l’intendance militaire devait pourvoir était évalué en 1855 à 845,900 hommes, et en 1856 à 796,795 hommes. L’absence du recrutement et de nombreux congés ont singulièrement diminué depuis sept ans ce chiffre purement nominal.

Dans tous les pays, l’armée figure sur le papier pour une masse plus considérable que celle qui est présente sous les drapeaux. Cette différence est surtout fort grande en Russie, où elle sert à couvrir de nombreuses irrégularités administratives et de tristes déprédations. Ce qui existe au complet, ce sont les états-majors. Une feuille spéciale, l’Invalide russe, parlait en 1862 de 387 généraux et 30,051 officiers, dont 334 généraux et 19,025 officiers auraient été présens sous les armes avec 698,354 soldats ; mais les cadres maintenus alors étaient loin de se trouver remplis. Toujours est-il que l’armée russe, bien qu’une des plus considérables de l’Europe, n’a point les proportions exagérées que lui prête une complaisante crédulité : la campagne de Pologne de 1831 et la lutte héroïque soutenue en ce moment par cet infortuné pays ont suffisamment prouvé, combien il est difficile de rendre disponible pour la guerre du côté de l’Occident, en tenant compte des immenses espaces à garder et de la lutte du Caucase, un effectif de 200,000 hommes. Si on veut l’accroître, il faut des ressources financières que ne peuvent fournir ni l’impôt ni l’emprunt. La ressource extrême du papier-monnaie

  1. M. Kolb nous semble ne pas estimer à un chiffre assez élevé les corps de la garde et des grenadiers ; mais il y a double emploi quant à l’armée du Caucase, où se retrouva une partie de la cavalerie qui n’est pas comprise sous le nom de cavalerie régulière, notamment les Cosaques de la ligne du Kouban. Il ne faut pas oublier non plus les pertes récemment subies par l’armée russe en Lithuanie et en Pologne.