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semblables à celles qui réglaient l’exploitation des esschen. C’est toujours le marken-regt, le droit de la marche, appliqué à une autre partie du territoire de la tribu. La propriété indivise est représentée par un certain nombre de parts, et chacune de ces parts donne à celui qui la possède, le maalman, une voix pour délibérer sur la gestion du domaine et pour élire les administrateurs (hohrigters). Ceux-ci sont aujourd’hui élus pour quatre ans au scrutin secret ; mais jusqu’en 18A8 ils l’étaient à haute voix, comme les membres de la chambre des communes en Angleterre. L’assemblée générale est le maal-spraak, le mallum de l’époque mérovingienne. Les holtrigters veillent à la conservation de la forêt, au reboisement, et désignent chaque année la partie qui sera abattue. Chaque maalman y obtient une étendue égale dont il peut vendre à son gré les arbres ou le taillis. On voit encore en plusieurs endroits l’amphithéâtre (malenpol) où s’assemblaient les habitans de la marke le jour de leurs délibérations. On retrouve aussi des institutions semblables dans un district qui se rattache à la Veluwe, et qui forme le point extrême occupé par les Saxons, — le Gooiland. Le Gooiland est un canton de formation tertiaire qui, non loin d’Amsterdam, élève aux bords du Zuyderzée ses petites collines de sable. Quoique les négocians de la capitale commerciale aient acheté déjà beaucoup de terres pour les mettre en valeur par la culture ou par des plantations, il reste encore de grandes landes incultes constituant le patrimoine commun des habitans ; mais ils n’arrivent à en jouir par droit héréditaire qu’après être devenus chefs de famille. La part de chacun correspond à l’entretien de sept têtes de bétail. Le règlement qui détermine le mode de jouissance est discuté tous les douze ans par l’assemblée de tous ceux qui ont droit à une part. La grande bruyère, le Gooiesche-heide, est administrée par un corps exécutif que nomment tous les>illages du district et la localité principale, la ville de Naarden.

Tout aride qu’elle paraisse et qu’elle soit en effet, la terre de la Veluwe a cependant été fertilisée par les soins assidus et intelligens de l’homme. Elle se prête surtout à la végétation de certaines essences forestières quand elle est convenablement défoncée et débarrassée du tuf ferrugineux que le sous-sol contient souvent. Le sapin, le hêtre, le chêne, y poussent à merveille lorsqu’on en soigne la plantation. C’est ainsi que se sont formés les admirables ombrages qui entourent le château royal du Loo. Près d’Arnhem, sur les premières collines sablonneuses qui dominent le cours du Rhin, quelques familles opulentes ont créé des parcs plantés d’arbres de la plus belle venue : Beekhuysen, Bilioen, Rozendael, Sonsbeek. Velp est une suite de charmans cottages enfouis dans la plus luxuriante végétation. Dans un village, en pleine Veluwe, à Soerel, on