Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 49.djvu/307

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des sables en prend plus de la moitié, soit environ 1,700,000 hectares. Elle commence vers le sud, dans les deux provinces du Brabant septentrional et du Limbourg, où elle se confond avec la Campine belge, s’abaisse ensuite pour former la grande vallée où passent le Rhin et la Meuse, qui y ont déposé leur fertile limon, se relève dans la province de Gueldre, où elle créé le district si curieux de la Veluwe, puis s’affaisse de nouveau et livre passage à l’Yssel. Au-delà de cette rivière, elle embrasse presque tout le territoire des deux provinces d’Over-Yssel et de Drenthe, dépasse la frontière, se poursuit en Hanovre, en Prusse, tout le long de la Baltique, et jusqu’en Russie. Elle s’avance vers l’ouest jusqu’auprès d’Amsterdam, où on la reconnaît dans les relèvemens inattendus du Gooiland, et au nord, au-delà du Zuyderzée ; elle constitue même le noyau résistant des îles de Texel et de Wieringen. La formation de ce terrain est antérieure à la période géologique actuelle, car on y trouve les ossemens des hyènes et des mastodontes du monde primitif, et il a été déposé au fond de la mer du Nord quand celle-ci battait encore de ses vagues les falaises crayeuses de Maestricht et les croupes schisteuses des bassins houillers de la Roer et de la Meuse. Il remonte donc à l’époque du diluvium, et il a dû être soulevé au-dessus du niveau des eaux par un mouvement insensible et continu, car aucune dislocation ne dérange la disposition horizontale de ses couches, du reste à peine marquées.

Le niveau moyen de la contrée ne dépasse guère que d’une quinzaine de mètres le niveau de la mer ; cependant quelques collines montent plus haut, comme le Lemelerberg près Ommen, qui s’élève à 84 mètres, et le Wiesselschebosch près Apeldoorn, qui atteint son point culminant à 104 mètres. Les habitans vous montrent avec un certain orgueil ce qu’ils appellent leurs montagnes, et en effet ces légères éminences se voient de très loin et interrompent heureusement la ligne partout ailleurs si parfaitement droite de l’horizon. Le sol est formé d’un sable jaunâtre, parfois avec un sous-sol d’argile ou de tuf ferrugineux. Il contient souvent beaucoup de pierres roulées et de cailloux avec empreintes fossiles, dont l’origine a longtemps préoccupé les géologues hollandais, et qu’on exploite pour macadamiser les routes. En comparant ces pierres et ces cailloux aux roches d’où on les croyait sortis, on est enfin parvenu à constater qu’une partie avait été amenée par la Meuse, une autre par le Rhin, et que les fragmens de quartz et de granit rouge si nombreux dans la Drenthe ne pouvaient venir que de la Norvège, et avaient été transportés à l’époque glaciaire par les banquises détachées de la péninsule Scandinave. Telle est la constitution du sol dans la région sablonneuse, et il était nécessaire de la faire connaître, car elle a