Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 49.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
FREDERIQUE
SUITE DU CHEVALIER SARTI

IV.
LES ADIEUX.


I

Depuis son entrevue avec Frédérique dans le parc de Schwetzingen, le chevalier Sarti se sentait plus calme. Son cœur et sa conscience étaient allégés d’un poids énorme. La jeune fille connaissait enfin quel genre d’affection respectueuse il éprouvait pour elle. La position de Lorenzo dans la maison de Mme de Narbal se trouvant ainsi mieux et honorablement définie, il n’avait plus lieu de craindre que ses rapports fréquens avec Frédérique devinssent le sujet de malignes interprétations. Il pouvait prodiguer à cette enfant si merveilleusement douée les soins d’une noble sollicitude sans avoir à rougir à ses propres yeux.

Rassuré sur les suites d’un sentiment exquis dont il avait lui-même défini le caractère et limité les espérances, le chevalier crut pouvoir s’abandonner au bonheur innocent d’aimer une jeune fille d’élite qui accueillait ses hommages. Il n’en pouvait douter, Frédérique avait pour lui plus que de la reconnaissance ; elle était au moins touchée de l’intérêt profond qu’elle lui inspirait. Un souffle de vie nouvelle emplit alors l’âme de Lorenzo : loin d’étouffer dans le cœur du Vénitien l’amour sacré de sa jeunesse, cette affection en était pour ainsi dire un écho et comme une seconde floraison. C’est