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de ces petites avaries qui troublent si fréquemment l’ordre dans les escadres composées de navires à vapeur, et qui peuvent compromettre l’exactitude de leurs mouvemens. Ce n’est pas un mince titre de gloire pour la Couronne. Elle a été construite à Lorient sur les plans et sous la surveillance personnelle de M. Audenet, ingénieur de la marine. La machine, qui est d’ailleurs du type propagé par le génie maritime à bord d’un si grand nombre de nos navires, et particulièrement sur tous nos bâtimens cuirassés, a été exécutée par M. Mazzeline du Havre.

4° Le Solferino et 5° le Magenta. Il faut parler de ces deux navires sous le même titre, car ce qui est vrai de l’un est vrai de l’autre. Ils ont été construits sur des plans identiques ; les différences qu’ils peuvent présenter ne proviennent que des différences qui se sont produites sur les chantiers dans le mode de travail et d’exécution. Pour montrer d’abord les traits qu’ils ont en commun avec les autres navires cuirassés, nous dirons que ce sont des navires à coques en bois, d’une longueur de 86 mètres, d’une largeur de 17 mètres 30 cent., d’un tirant d’eau en charge de 7 mètres 90 cent., d’un déplacement de 6,796 tonneaux, d’une hauteur de batterie de 1 mètre 82 cent., que leurs machines sont de la force nominale de 1,000 chevaux de vapeur, qu’ils sont armés chacun de 52 pièces de canon de 30 rayé, à chargement par la culasse, approvisionnés à 155 coups par pièce, qu’ils portent un mois d’eau, 75 jours de vivres et 700 tonneaux de charbon (armement réglementaire) ; qu’ils ont trois mâts, et que la voilure de ces trois mâts est exactement pareille à celle que nous avons décrite pour l’Invincible, si ce n’est qu’elle présente environ une cinquantaine de mètres carrés de plus en superficie, 1,450 mètres au lieu de 1,400. Enfin les plaques de leurs cuirasses, du poids total de 910 tonneaux pour chaque navire, sont, comme celles de la Gloire, d’une seule épaisseur de fer variant de 11 à 12 centimètres.

Le Solferino et le Magenta se distinguent cependant à beaucoup d’égards de leurs aînés. Bien que l’on continue, je ne sais pourquoi, à les qualifier de frégates, ce sont en réalité des vaisseaux dans le sens rigoureux que le mot a toujours porté dans la marine, c’est-à-dire qu’ils ont deux étages de canons couverts, 26 en bas, 24 dans la batterie haute, 2 pièces de chasse en barbette sur le pont. Leur artillerie est plus nombreuse, elle est plus concentrée, ce qui peut être un avantage à quelques points de vue ; elle peut servir encore, au moins en partie, dans un certain état de la mer, lorsque la batterie basse ou la batterie des frégates serait paralysée par l’agitation des flots, quoiqu’il semble bien peu probable qu’en pareille circonstance le tir de la batterie haute puisse être d’une