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institution a bien mérité de son pays, qu’elle a droit à sa reconnaissance, qu’elle a surtout le droit de vivre intacte et respectée.

Que sera-ce si nous considérons les prix de gravure et de composition musicale créés par le premier consul ? La gravure en taille-douce, que l’état cesse peu à peu d’encourager et que le public délaisse, séduit par la photographie, nous offre Richomme (prix de 1806), qui a attaché son nom au Triomphe de Galatée, à la Sainte Famille de Raphaël ; Forster (prix de 1814), qui a gravé les Trois Grâces et la Vierge à la Légende, d’après Raphaël, la Vierge au Bas-relief, d’après Léonard de Vinci, François Ier et Charles-Quint, d’après Gros ; Martinet (1830), à qui nous devons la Vierge à l’Oiseau, la Vierge au Palmier, le Sommeil de Jésus, d’après Raphaël, un beau portrait d’après Rembrandt et d’autres gravures d’après des tableaux modernes ; Salmon (1834), qui n’a voulu reproduire que des œuvres des vieux maîtres, Michel-Ange, Raphaël, Sébastien del Piombo, André del Sarto. La gravure en médailles, dont le prix, plus rare encore que celui de la gravure en taille-douce, se décerne tous les quatre ans, doit à l’école de Rome des artistes qui ont soutenu la numismatique française et rempli de leurs œuvres commémoratives les collections et les musées : Gatteaux (prix de 1809), Oudiné (1831), Merley (1843), qui, en revenant de Rome, a remporté le premier prix des monnaies d’or de la nouvelle république française : nos pièces de 20 francs ont répandu partout sa charmante composition.

Quant à la musique, art si populaire, si privilégié, qui enchante la foule aussi bien que les délicats et reste dans toutes les mémoires, il suffira de prononcer des noms bien connus : Hérold (prix de 1812), génie moissonné avant l’âge, qui ne se serait point arrêté au Pré aux Clercs et à Zampa ; Halévy (1819), dont la Juive fera vivre le nom ; Berlioz (1830), à qui personne ne refusera du moins la science musicale et de nobles élans de symphoniste ; Ambroise Thomas (1832), qui a charmé le public avec le Caïd et le Songe d’une Nuit d’été ; Gounod (1839), qui a composé Faust ; Victor Massé (1844), l’auteur de Galatée. Je pourrais ajouter d’autres noms qui veulent encore grandir, tant il est vrai que les belles nuits de Rome, la majesté de la ville des césars, la mélancolique solitude de sa campagne, l’éloquence des ruines antiques, les chœurs de la chapelle Sixtine, l’harmonie de la langue italienne, ne sont point inutiles aux musiciens : ce souffle divin qui court sur toute l’Italie fait vibrer leur âme aussi bien que l’âme des autres artistes.

Si nous considérons à leur tour les sculpteurs, nous voyons que l’école de Rome a formé la plupart des sculpteurs éminens du XIXe siècle : Cortot (1809), l’auteur de Pandore, du Soldat de