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peinture, de sculpture et d’architecture. Napoléon fonda également, en 1803, des concours pour les graveurs en taille-douce, les graveurs en médailles et en pierres fines, les compositeurs de musique, et demanda à l’Académie des Beaux-Arts d’en rédiger les règlemens.

Ainsi l’an 1801 ouvre une ère nouvelle pour l’école de Rome. Elle avait traversé les jours les plus difficiles de la révolution en se fortifiant, en pénétrant plus intimement dans le cœur de la nation. L’empire l’entoura d’honneurs, doubla ses ressources, étendit son influence. Je prends donc les listes de l’école depuis 1801, et je relève les noms de ceux qui ont su conquérir, à des degrés inégaux, ou des succès solides, ou la faveur publique, ou la gloire. Je commence par les peintres.

En 1801, le grand prix de peinture fut remporté par Jean-Dominique-Auguste Ingres. N’était-ce pas quelque chose de providentiel que de voir inaugurer l’Académie de France reconstituée par celui qui devait être le ferme soutien de l’art, le représentant le plus convaincu de la tradition et du spiritualisme, le chef de l’école française ? Pendant le temps de son noviciat, M. Ingres envoya à Paris une Odalisque, Œdipe et le Sphinx, Jupiter et Thétis.

Le prix de 1803 fut donné à Blondel, talent plus propre à traiter les allégories que les sujets modernes, qui devait peindre un jour la salle de Henri II au Louvre, le plafond et les dessus de porte de la salle du conseil d’état, quelques-unes des grisailles du palais de la Bourse, et une grande partie de la galerie de Diane à Fontainebleau. — En 1807, Heim arriva à son tour à Rome. Ses compositions, vigoureusement dessinées, pleines de couleur et de mouvement, lui valurent des triomphes précoces qui furent rajeunis, après quarante années, par un triomphe plus éclatant. Ses œuvres, qu’il avait laissé oublier par excès de modestie, frappèrent tous les connaisseurs dès qu’elles reparurent à l’exposition universelle de 1855, et un jury de peintres envoyés des diverses contrées de l’Europe lui décerna une des grandes médailles d’honneur. — Drolling (1810) ne se signala pas seulement par des œuvres distinguées, telles que son Jésus parmi les docteurs par exemple, que promettait son envoi de Rome, la Mort d’Abel, tant vantée par Girodet ; il fut un professeur estimé, et plus d’un peintre, M. Baudry entre autres, s’honore d’avoir été son élève. — Abel de Pujol (1811) est le peintre de la chapelle de Saint-Roch à Saint-Sulpice, du Martyre de saint Etienne, des grandes grisailles de la Bourse et surtout de ce plafond qui décorait si dignement le célèbre escalier de Percier au Louvre, qui a disparu avec l’escalier en 1856, et qu’Abel de Pujol a refait dans la bibliothèque. — Puisse succédèrent Picot (prix de 1813), qui forma