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et de consacrer toute la surface de celle-ci à l’image unique de sainte Geneviève apparaissant au milieu des nuages. Pourtant, la tâche une fois donnée dans les termes où elle a été accomplie, n’y avait-il pas moyen de procéder plus résolument, de préciser davantage les caractères tout exceptionnels de l’œuvre, d’en mieux déterminer les rapports avec l’architecture ? Aperçue d’en bas, la composition a quelque chose d’incertain et de vacillant, non-seulement à cause des couches d’atmosphère interposées entre l’œil du spectateur et la peinture, mais aussi par le trouble que jettent dans la silhouette des groupes les lignes accidentelles et dans le coloris la multiplicité des tons. Examinée à la hauteur du plan sur lequel elle a été exécutée, cette décoration monumentale n’est plus qu’un tableau gigantesque, au modelé un peu vide en raison de la dimension même des figures, aux couleurs délayées et presque aussi ardentes que les couleurs d’un vitrail. Pour un point de vue comme pour l’autre, Gros a fait trop ou trop peu. Malgré la somme de talent dépensée par l’illustre peintre dans cette besogne équivoque, dans une entreprise qui d’ailleurs était en désaccord avec les inclinations naturelles de son génie, on peut dire que de toutes les grandes coupoles peintes en France jusqu’au commencement du XIXe siècle, la coupole de Sainte-Geneviève satisfait moins qu’aucune autre aux conditions nécessaires de ce genre de travail.

Dans l’intervalle qui sépare l’époque où Gros eut terminé ses peintures à Sainte-Geneviève de l’époque où M. Roger fut chargé de décorer la coupole de la nef de Saint-Roch, plusieurs tâches analogues avaient été exécutées à Paris. À l’exception toutefois de la coupole peinte par Eugène Delacroix dans la bibliothèque du Luxembourg, — œuvre considérable que nous mentionnions tout à l’heure, mais sur l’examen de laquelle nous n’avons pas à insister après l’étude qui en a été faite autrefois ici-même[1], — aucun témoignage vraiment remarquable, aucun effort sérieux ne se produit durant ces trente-cinq années dans un ordre de travaux bien propre pourtant à stimuler le zèle et à développer le talent. Le mieux est donc de passer sous silence ces œuvres insignifiantes dont la coupole peinte par M. Delorme, dans le chœur de Notre-Dame-de-Lorette, résumerait, s’il fallait citer un exemple, les inspirations négatives et les formes banales. D’ailleurs, par l’étendue des surfaces que le pinceau avait à couvrir, par l’importance de la donnée aussi bien que par les difficultés de l’exécution, les peintures récemment achevées dans l’église de Saint-Roch méritent une attention particulière. N’eussent-elles d’autre titre à la curiosité ou à

  1. Voyez la Revue du 1er juillet 1846.