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HERMAN

As-tu juré de me mettre en colère ? De quelle lettre s’agit-il ?

DUBOIS

Eh ! monsieur, de la lettre de Lisette, que votre ami, le comte de Noirmont, m’avait ordonné de reprendre à tout prix à Dorothée.

HERMAN

Quel conte est-ce là ? Dorothée n’est-elle pas allée avec la lettre fatale dans la chambre de ma femme ? Ne la lui a-t-elle pas donnée ?

DUBOIS

Eh ! non, monsieur, c’est impossible, puisque la voici.

HERMAN, vivement.

La lettre ! (Il s’en empare.) Ah ! donne, mon pauvre Dubois ! (Apres avoir lu, à lui-même.) La découverte de cette dernière faute, l’impitoyable rigueur d’Isabelle, son mépris, tout cela n’était qu’un rêve terrible, un supplice infligé par Noirmont. (On entend frapper à la porte.)

SCÈNE V.
LES PRECEDENS, NOIRMONT.
NOIRMONT, du dehors.

Ouvre ! ouvre donc !

HERMAN. (Il ouvre précipitamment, et ils se jettent dans les bras l’un de l’autre.)

Cher tuteur, quelle dure leçon !

NOIRMONT

Avoue que tu l’avais bien méritée !…

SCÈNE VI.
LES PRECEDENS, moins DUBOIS, ISABELLE, POMPÉA, LA BARINI.
HERMAN. (Il court au-devant d’Isabelle pour lui baiser les mains ; elle le relève, et ils s’embrassent.)

Comment racheter ma faute ? Comment expier le mal que je t’ai fait en cherchant à te cacher mes égaremens passés ?

ISABELLE

Ne parlons plus de quelques momens de souffrance : tes deux noms, Henri ou Pompée, me sont également chers.

HERMAN

Mon Isabelle !

ISABELLE

Mon ami, il faut me ménager : il est des femmes fortes, nées pour la jalousie, la lutte, le combat, surveillant, disputant le cœur de leur mari comme le paysan défend son coin de terre ; il en est d’autres qui n’ont reçu du ciel que la force d’aimer.

HERMAN

Jamais à l’avenir plus de secret entre nous.