Et vous en jouez?
Certainement, petite!... Le valet de chambre d’un grand seigneur, son homme de confiance, doit être musicien, poète même dans l’occasion.
Qu’est-ce que c’est que ça, poète?
C’est celui qui fait les paroles de vos chansons.
Nous allons commencer tout de suite, n’est-ce pas?
Sans doute, ma charmante Lisette... Mais comment comptes-tu payer ton professeur?
Dame! monsieur Dubois,... je suis une pauvre fille,... je n’ai rien à moi.
Tu te moques, Lisette : tu sais que tu es riche... en fraîcheur, en jeunesse...
Vous trouvez?
Sournoise! tes galans te le disent tous les jours... Je ne veux pas me montrer exigeant : deux baisers, est-ce trop?
Alors vous voulez que je vous paie en embrassades?
Certainement, (Il va à elle et l’embrasse a plusieurs reprises.)
Assez, monsieur Dubois! A présent vous me devez au moins six leçons.
Voyons, Lisette, je vais t’enseigner les figures de la contredanse.
Oh! je les sais déjà!... J’ai de l’amour-propre, voyez-vous; les paysans, ce n’est pas mon affaire : ce que je voudrais, c’est que vous m’apprissiez de quoi faire enrager les autres filles du village et pouvoir être invitée par vos messieurs de Paris.
Tu veux parvenir. Je me charge de ton éducation, et pour commencer je vais ajouter à tes heureuses dispositions les grâces de notre danse nationale... Mais j’aperçois mon maître et sa belle-sœur : entrons dans la serre pour les laisser passer.
Danse-t-il bien, M. le comte?
Ah! Lisette, si tu l’avais vu autrefois, costumé en prince indien, au bal de