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UN TABLEAU
DE
FRANCOIS CLOUET

L’apparition d’une œuvre d’art, tout à. la fois d’origine incertaine et de mérite incontestable, œuvre de maître évidemment, mais sans preuves ni tradition, restée comme enfouie pendant longues années et sortant tout à coup du silence et de l’oubli, pour exercer et pour mettre à l’épreuve la clairvoyance des connaisseurs, c’est là un genre d’énigme et de plaisir qu’on peut de loin en loin se promettre à Paris. Ne vous souvient-il pas d’un délicieux tableau qu’un Anglais, M. Moris Moore, soumit ainsi, voilà quelques années, au contrôle du public parisien, tableau qu’il attribuait, non sans bonnes raisons et malgré quelques taches qui permettaient le doute, au pinceau de Raphaël lui-même ? Cet Apollon et Marsyas fit éclore plus d’une controverse, et devint, ici même, l’objet d’une savante et juste appréciation (1). Eh bien! tout récemment nous avons, eu même fortune, et nous avons passé quelques charmantes heures devant une peinture non moins inattendue, non moins extraordinaire par ses beautés mêlées aussi de quelque imperfection. A ne considérer que la paternité présumée, cette œuvre-ci est moins ambitieuse, puisqu’il n’est pas question de revendiquer pour elle le plus grand nom de l’art moderne, et qu’on en fait tout simplement honneur à un maître français du XVIe siècle; mais pour l’histoire de