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L'EXPEDITION DU MEXIQUE
ET
LA POLITIQUE FRANCAISE

I. Le Mexique ancien et moderne, par M. Michel Chevalier. — II. La France et le Mexique, par M. Adolphe de Belleyme. — III. La France, le Mexique et les États confédérés. — IV. Documens et Correspondances, etc.

Il y a près de trois siècles et demi, le jour du vendredi saint de 1519, un homme, sublime aventurier, échappé en rebelle de l’île Fernandina, aujourd’hui l’île de Cuba, mettait le pied sur une plage d’un continent à peine entrevu jusque-là, vaguement découvert depuis quelques années. Il avait avec lui six cent cinquante soldats ou marins, seize chevaux et dix canons. C’est avec cela que Fernand Cortez, foulant un sol encore vierge des dominations du vieux monde, concevait l’audacieux dessein de conquérir un empire inconnu, vaste comme l’Europe, relativement populeux, mais peuplé d’une race faible et mal armée pour la lutte. Sa première pensée de conquérant, en touchant la côte, était de fonder une ville à laquelle il donnait un nom qui rappelait le jour de son débarquement et qui résumait le double mobile de toutes les entreprises espagnoles du temps, la foi religieuse et la fascination de la richesse : il l’appelait la Ville riche de la Vraie-Croix (la Villa Rica de Vera-Cruz). C’est la ville même où nous avons paru à deux reprises, en 1838 et à la fin de 1861, une fois pour une exécution sommaire suivie d’un traité qui est allé rejoindre bien d’autres traités inutiles, la seconde fois pour nous élancer sur le chemin de Mexico, à la