Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/424

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et la direction des travaux souterrains ainsi que la nature du sous-sol. La marche des mineurs dans la terre a été comparée avec raison à celle de la taupe rejetant au dehors les matériaux qu’elle déplace pour s’ouvrir un passage. De grossiers aqueducs en bois, appuyés sur de rudes piliers, conduisent quelquefois à une distance extraordinaire les eaux qui sortent de l’intérieur de la terre. Vues de loin, ces mines semblent désertes et silencieuses ; quelquefois pourtant il s’en échappe un rugissement de vapeur. Chemin faisant, on rencontre des travaux à tous les états imaginables de développement ou de décadence ; il y a des mines embryonnaires, des mines qui, comme on dit ici, ont atteint l’âge de la virilité, des mines caduques, des mines mortes. Ces dernières, avec leur maison vide qui tombe en ruine, leurs puits abandonnés d’où sort une odeur de tombe, leurs chantiers de travail envahis par l’herbe, éveillent un sentiment de profonde mélancolie. Si l’on s’approche des mines en activité, sortes de forteresses entourées par des remparts de débris, on se trouve au milieu de machines qui étonnent par la grandeur et qui exécutent d’elles-mêmes une série de mouvemens mystérieux. Les unes agitent dans le ciel leurs bras de bois avec les gestes de nos anciens télégraphes, d’autres en fer avancent et reculent à la surface du sol. Toutes ces manœuvres, dont on ne se rend point compte, peuvent donner lieu aux idées les plus fantastiques : on se croirait transporté dans une autre planète, au milieu d’êtres doués très certainement de la faculté d’agir, mais à la vie desquels nous ne saurions rien comprendre. Certains bruits ramènent bientôt le visiteur à la réalité. Du fond des ateliers s’échappent quelquefois des chants frais comme des chants d’église, où l’on reconnaît la voix des jeunes filles et des enfans. Çà et là se montre un homme au pas fatigué, dont les habits de toile sont tout humides et trempés d’une boue rougeâtre : c’est le mineur qui sort de la fosse. La situation des mines ajoute encore beaucoup au caractère des travaux. Quelques-unes se détachent au milieu de frais paysages dont elles déchirent la surface ; mais en général les principaux groupes se trouvent placés dans d’immenses bruyères assombries par un ciel blafard et terminées par des collines nues qui ondoient derrière des collines. Dès qu’on s’approche des grands centres métalliques, la végétation disparaît, soit que l’homme, occupé de recueillir les richesses du sous-sol, ait négligé les soins de l’agriculture, soit que la terre se refuse à se montrer deux fois féconde. Plusieurs des mines de cuivre et d’étain se présentent même au milieu des scènes les plus sauvages de la nature.

Une des plus curieuses est celle de Carclaze, à trois milles de Saint-Austel, petite ville avec une belle et vieille église. Une route d’abord accidentée conduit à un grand terrain vague (common) tout