Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 48.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

débris d’un temple important et qui éclairent tout un âge de l’art grec. Quelques-uns de ces Niobides si souvent répétés, une tête de Méduse morne et belle, le Faune endormi, qui va de pair avec les chefs-d’œuvre les plus renommés, n’ont besoin que d’être cités pour indiquer le prix du contenu de la Glyptothèque. On peut y passer de longues heures qui ne laisseront que de précieux souvenirs. Il ne manque à Munich qu’une glyptothèque du moyen âge et de la renaissance. Dans un lieu où l’histoire de l’art est partout présente, cette lacune est fâcheuse, mais peut difficilement être remplie. Les sculptures de l’art gothique ne peuvent pas toujours être déplacées; celles qui datent de moins loin sont souvent aussi des immeubles par destination, et d’ailleurs elles se trouvent pour la plupart en Italie.

Revenons sur nos pas et gagnons les pinacothèques, car il y en a deux qui se font face. Ce sont de grands édifices plus longs que larges qui ont à peu près toute la beauté extérieure compatible avec les nécessités de leur destination. Pour la distribution, la commodité, l’éclairage, tout paraît admirablement conçu. D’abord il n’y a pas de galerie, ce qui est le grand point. Les salles sont aussi multipliées que possible, et quoique les tableaux soient encore trop pressés et trop nombreux, on leur a ménagé autant d’espace et de jour que le permettaient les conditions imposées à l’architecte. Ici M. de Klenze a réussi aussi bien qu’à la Glyptothèque.

La vraie Pinacothèque, c’est-à-dire le musée des tableaux antérieurs à l’art contemporain est un bâtiment long et uniforme égayé au premier étage, du côté du midi, par une loggia ou galerie à colonnes. Cette galerie est peinte dans toute sa longueur à l’imitation de celle de Raphaël au Vatican. Chaque entre-colonnement comprend des panneaux, des pilastres, une coupole, des voussures, des lunettes, qui offrent place dans leurs cadres d’arabesques à des sujets consacrés à célébrer la peinture. Toutes les écoles sont illustrées par des portraits, des scènes, des épisodes, des emblèmes, qui rappellent leur histoire et leur gloire. On trouve assurément dans ces pages des idées et du talent : l’ensemble fait honneur à Cornélius et à ses élèves qui ont tenu le pinceau; mais le mérite de la composition et du dessin n’est pas relevé par un coloris assez vif, un faire assez large. Les fonds et les tons clairs surabondent à la différence des loges du Vatican, où sont multipliées les teintes foncées. Le blanc domine, et toute l’œuvre y perd en solidité; en sérieux; tout a l’air d’une jolie décoration improvisée, et qui rappelle le genre café, écueil de cette sorte de peinture.

La fresque joue un plus grand rôle encore dans le bâtiment en face de la nouvelle Pinacothèque. Comme ce musée, consacré à la