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Mais enfin l’on arrive à l’extrémité de la rue Briener, au pied d’une des portes de la ville. Ce n’est plus un arc romain, cette fois on est en Grèce. Ce sont les Propylées, la porte principale de l’Acropole, l’ouvrage le plus admirable qu’on ait fait jusqu’à présent, dit Pausanias, tant pour le volume des pierres que pour la beauté de l’exécution. De chaque côté, un monument parallèle à la voie; les deux façades se correspondent. Les deux frontons triangulaires portent sur des colonnes d’ordre ionique. Des tympans sculptés, des statues décorent ces trois édifices isolés, qui décrivent les trois côtés d’une place et se détachent sur un fond de verdure. On pourra trouver que l’invention fait défaut, on pourra dire qu’on aimerait autant des réductions en plâtre : il n’importe, le style est correct et élevé, les proportions heureuses, l’exécution soignée; c’est très beau.

Les Propylées sont une sorte de portique élevé sur un soubassement à trois baies et surmonté de chaque côté par une tour carrée. J’ignore si M. Beulé et M. Emile Burnouf trouveraient la restitution irréprochable. Cet édifice tout grec est à la gloire de l’Hellénie. Les murs intérieurs portent les noms des héros de la guerre de l’indépendance mêlés à ceux des amis de cette juste cause, et l’on ne reconnaît pas tout de suite ce que veut dire : (grec). Un vif et constant intérêt pour la régénération de la Grèce était un des plus nobles sentimens du roi Louis. Il avait à cœur la liberté et la gloire de cette terre classique, et croyait, lui ayant donné un roi de son sang, en avoir fait un royaume de famille. Aussi trouve-t-on partout des marques de ses sentimens philhellènes. Il est fâcheux qu’on ne puisse guère les regarder aujourd’hui sans avoir un sourire à réprimer. De royales espérances n’ont été couronnées que par la déception. Ces mécomptes sont fréquens par le siècle qui court. On fera bien d’attendre en Danemark pour élever des Propylées.

Des deux édifices latéraux, l’un est un musée d’exposition pour la peinture nationale et étrangère; on n’y voit guère que de la peinture de chevalet, et le contenant pourrait bien valoir plus que le contenu; l’autre est la Glyptothèque ou le musée des sculptures. De tout point cet édifice est satisfaisant, et sa destination est bien d’accord avec son ordonnance. La collection d’antiques, sans être considérable, est digne d’attention. Un catalogue bien fait vous guide à travers des salles en assez grand nombre dont quelques-unes offrent à la voûte et aux lunettes des fresques de Cornélius, bien conçues et plus heureusement exécutées qu’aucune de celles que j’ai vues à Munich. Quant aux marbres, il vaut mieux n’en point parler en détail. Trop de morceaux exigeraient un examen approfondi. Rappelons seulement que c’est là qu’on peut voir les marbres d’Égine,