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sont pas moins remarquables : ils appartiennent à une race fixe désignée par le nom d’iman, et obtenue par le croisement des béliers dishley avec les brebis zélandaises. J’ai vu tous ces magnifiques animaux dans de gras pâturages ou dans les champs de trèfle, avec du fourrage jusqu’au ventre, et l’hiver ils sont nourris de paille hachée mêlée avec des racines râpées et un peu de tourteau. Les bêtes grasses sont envoyées au marché de Londres à mesure qu’elles atteignent le poids voulu. Nous fûmes très étonnés, pendant notre visite, de voir qu’on drainait à 1m50 une terre que les hautes marées inonderaient; mais on profite de la marée basse pour évacuer les eaux, et le drainage donne les meilleurs résultats. Tout le polder serait déjà drainé, si une partie n’en était pas soumise à la dîme, car la dîme, qui le croirait? existe encore dans certains districts des Pays-Bas, non plus en faveur du clergé, mais au profit de l’état ou des particuliers. Le contraste entre les champs asséchés et ceux qui ne l’étaient pas sautait aux yeux, et montrait ainsi par une preuve irrécusable les funestes effets d’un droit suranné, qui met obstacle aux améliorations coûteuses, parce que l’on sait qu’on devrait en partager les bénéfices avec le titulaire de la. dîme. Depuis longtemps déjà les chambres se sont occupées de l’abolition et du rachat des dîmes; mais aucun projet n’a pu encore aboutir malgré les incessantes réclamations des agriculteurs.

Dans le Wilhelmina-Polder, la rotation complète est de vingt et un ans, qui comprennent trois années pour la garance et une année de jachère, jugée nécessaire, afin de nettoyer parfaitement le sous-sol des longues racines du chiendent. Les produits qu’on récolte sont du froment, des pois, des féveroles, de l’orge, du lin, de la garance, de l’avoine, du trèfle, des betteraves et des navets. Les turneps sont semés comme en Angleterre, et pour l’instruction des visiteurs le directeur fit faire l’opération sous nos yeux. La charrue ouvrait le sol, le fumier était placé dans la raie qui était ensuite fermée et sur laquelle le semoir à cheval déposait la graine. La racine, trouvant ainsi l’engrais à sa portée, se développe avec une vigueur extraordinaire. On éclaircit plus tard, et la houe à cheval maintient le sol dans d’excellentes conditions d’ameublissement et de propreté. Il est assez connu que la plupart des grandes entreprises agricoles conduites par des gérans ont échoué celle-ci fait une brillante exception, car les parts, de propriété qui valaient primitivement 18,000 florins se vendent maintenant 34,000 florins et au-delà et sur ce prix l’actionnaire touche encore 6 pour 100, quoique les profits des années exceptionnellement favorables soient employés à des améliorations foncières telles qu’empierrement des routes, drainage, plantations, constructions, etc. L’exemple du Wilhelmina-Polder