Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 47.djvu/824

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

antérieures, et il se proposa d’appliquer, aux dépenses résultant de l’annexion les ressources laissées, disponibles sur la section des dépenses, ordinaires. Tous les ans donc une somme d’environ 16 millions est réservée pour les travaux à exécuter dans les communes annexées. Si la première évaluation du préfet de la Seine ne devait pas être dépassée, dix années suffiraient pour mener à fin cette œuvre importante; malheureusement ces espérances ne peuvent être acceptées que sous bénéfice d’inventaire. Chaque jour de nouveaux besoins apparaissent, d’incessantes réclamations, s’élèvent pour demander que l’on pourvoie à l’éclairage, à la distribution des eaux, à l’enlèvement des immondices, en un mot aux améliorations de toute sorte auxquelles les nouveaux habitans de la ville ont droit depuis qu’ils paient les taxes municipales. L’administration, cette justice lui est due, s’occupe activement d’ouvrir entre les nouveaux quartiers de larges voies de communication transversale qui les relient entre eux, tandis, qu’ils n’avaient auparavant accès que vers Paris. On institue des écoles, on construit des églises, on se préoccupe de rendre salubre dans toutes ses parties le département de la Seine, dont un ingénieur a reconnu que le sol tout entier devrait être assaini par le drainage. L’administration fait tout ce qu’elle peut ; mais il y a tant à faire, et les réclamations, qui s’élèvent de tous côtés sont si pressantes et si légitimes, qu’il ne sera guère possible de ne pas devancer le terme fixé de dix ans, et par conséquent de ne pas recourir de nouveau à l’emprunt.


VI. — CARACTERE GENERAL DE L’ADMINISTRATION MUNICIPALE DE 1853 A 1863.

Quel but a-t-on poursuivi avec une rare persévérance pendant ces dernières années? Le moment est venu d’examiner cette question, et de rechercher quels enseignemens l’administration parisienne peut tirer de sa propre histoire depuis le commencement du siècle. Si le préfet du second empire a voulu, non pas, comme on l’a dit, « rendre à son souverain une ville de marbre après en avoir reçu une ville de bois,» mais transformer heureusement l’aspect extérieur de Paris, le succès est réel et incontestable. On ne peut nier que, dans l’histoire de la ville de Paris, le règne de Napoléon III ne soit destiné à tenir une grande place, et que M. Haussmann n’ait écrit en larges traits les annales de ce règne sur la surface de la capitale. Non-seulement Paris a reçu le jour, l’air et l’eau, non-seulement il a vu dans chacun de ses quartiers, et surtout dans les plus insalubres, des améliorations qu’il faut être un enfant de Paris pour apprécier, pour reconnaître pas à pas, mais il a pris dans son ensemble un aspect monumental et grandiose dont la postérité remerciera les auteurs. N’est-ce point un plan nouveau et vraiment