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des abords des Tuileries et du Louvre. Dans une partie du travail, la ville contribuait pour un tiers, dans l’autre pour la moitié. Deux nouveaux décrets, rendus en 1854, et qui témoignent de l’activité du nouveau préfet de la Seine, ordonnèrent la création d’un boulevard entre l’Hôtel-de-Ville et la place du Châtelet en commémoration de la visite de la reine Victoria, le prolongement jusqu’à la place de Birague, c’est-à-dire le raccordement avec la rue Saint-Antoine élargie, de la rue de Rivoli arrêtée jusqu’alors dans l’impasse de la place Saint-Jean, enfin l’ouverture, du boulevard de Sébastopol, dont la gare monumentale de Strasbourg marquait le point de départ, et la place du Châtelet transformée le point d’arrivée. Dans cet ensemble de travaux, évalués à 101 millions, l’état ne prenait qu’un tiers à sa charge. Le boulevard Sébastopol, destiné à percer de part en part les quartiers les plus malsains, les plus populeux, ceux où l’insurrection avait traditionnellement établi ses forteresses, était compris dans le total pour 74 millions à lui seul. Les charges de la ville pour les deux tiers de la dépense n’étaient évaluées qu’à 41 millions, en raison de la revente des matériaux et des parcelles de terrain qui resteraient en dehors de l’alignement ; mais, à cause de l’augmentation des dépenses prévues pour les travaux objet de l’emprunt de 1851, la ville se trouvait avoir à faire face à un découvert porté par le préfet à 56 millions. Or, sur les dépenses annuelles, le budget des recettes présentait un excédant de 24 millions. La dette municipale, qui s’élevait en capital à 151 millions, exigeait une allocation annuelle de 12 millions, près de 50 pour 100 de plus qu’en 1853, et ne laissait ainsi que 12 millions applicables aux travaux extraordinaires. Toutefois cette allocation, par suite de l’amortissement successif des obligations, allait tomber à 10 millions en 1857, à 8 en 1859, et à 7 seulement de 1857 à 1870. Fallait-il donc attendre, exercice par exercice, que la diminution de l’allocation pour le service de la dette permît d’augmenter la subvention des grandes entreprises ? Était-ce d’une bonne, économie et d’une sage pratique ? N’était-il pas préférable d’accomplir en cinq ans par exemple, au lieu de quinze, des œuvres telles que le dégagement du Louvre et l’ouverture sur une large échelle du quartier le plus dangereux et le plus insalubre de Paris ? La question ainsi posée par le préfet de la Seine reçut un accueil favorable au corps législatif, et la ville fut autorisée à émettre pour une somme effective de 60 millions le nombre nécessaire d’obligations remboursables, avec lots et primes, en quarante années à partir de 1858.

Mentionnons seulement pour mémoire l’emprunt départemental de 50 millions fait en 1856, cet emprunt destiné à la création de la caisse de la boulangerie ne rentrant pas en principe dans les charges municipales, dont on poursuit l’énumération, et la caisse de la boulangerie