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municipal accordait sur concours. Depuis lors, le collège municipal Chaptal et l’école Turgot ont remplacé avec avantage les deux écoles dont il vient d’être question, et l’enseignement professionnel a pris, grâce aux cours de toute sorte ouverts dans les années suivantes, un développement considérable, en harmonie avec les progrès de l’industrie parisienne.

La loi de 1833 sur l’instruction primaire et la loi de 1834 sur l’organisation municipale de Paris restant les deux actes les plus mémorables de la période si brusquement close par la révolution de février 1848 ; ils en résument l’esprit, ils en sont le principal honneur. Les deux régimes qui l’avaient précédée s’étaient préoccupés surtout des intérêts matériels de la ville. L’empire lui rendit la sécurité et projeta des embellissemens dignes de la première capitale du continent. Le comte Frochot créa les finances municipales, et laissa un budget de recettes qui, de 12 millions, s’était élevé à 23 millions dans un espace de douze ans. La restauration, supportant sans faiblir les charges de son origine, n’émit que 31 millions d’annuités, dont les dernières étaient remboursées en 1829 : elle sut réparer les maux du passé, continuer les œuvres utiles et préparer l’avenir. Le gouvernement de juillet tint une conduite financière aussi sage, puisqu’il vit les ressources municipales s’accroître dans une forte proportion, et n’eut qu’une fois recours au crédit pour des travaux sans précédens jusqu’alors, parmi lesquels l’achèvement de l’Hôtel-de-Ville figure en première ligne ; mais au-dessus des améliorations matérielles il sut poursuivre et réaliser une amélioration politique et intellectuelle sans laquelle les premières ne sont ni enviables ni de longue durée. Le mérite en revient tout entier au système d’organisation municipale inauguré, par la loi de 1834, et c’est là ce qui assure à la dernière de ces trois périodes une supériorité réelle sur les deux précédentes.

Toutefois, bien que le gouvernement de juillet ait le premier inauguré un régime municipal en complète harmonie avec les institutions libérales de l’époque, il serait injuste de méconnaître l’influence exercée par l’opinion publique même sous le gouvernement de la restauration. Non-seulement ce gouvernement se montra scrupuleux dans le choix des conseillers municipaux, mais, en dépit des obstacles apportés à la liberté de la presse, l’esprit public du moment, les préoccupations libérales qui agitaient le pays tout entier pénétrèrent dans le conseil de Paris comme partout ailleurs, et la ville fut à peu près administrée dans le sens de ses véritables désirs. Il n’en faut pas moins regretter que dans le conseil municipal d’une ville où les intérêts industriels et commerciaux sont de premier ordre, où les questions de travaux publics et d’améliorations veulent être débattues par des hommes spéciaux, la restauration