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un chiffre de 82,600 fr.; il s’élève en 1830 à 140,000 fr.; en 1847, il est à près de 1,100,000.

Trente ans se sont déjà presque écoulés depuis que M. Guizot dota la France de cette grande loi de 1833 qui marqua un milieu si sage entre le système de l’éducation gratuite de 1791 et les doctrines de la droite monarchique de la chambre de 1819, et l’on peut regretter sans doute que dans toutes les communes de l’empire les bienfaits de cette législation ne soient pas encore entièrement répandus; mais, en ce qui regarde Paris, les chiffres ont une éloquence irrésistible et dispensent de tout commentaire. Dès que la loi de 1833 eut donné satisfaction à l’opinion publique, aux réclamations des classes supérieures comme à l’impatience trop longtemps méconnue de la population ouvrière, comité central, comités locaux ou d’arrondissement, conseil municipal, représentons du gouvernement, tous s’efforcèrent à l’envi d’améliorer ce qui existait et d’étendre autant que possible les créations nouvelles. En 1830, il existait à Paris trois sortes d’écoles d’origines différentes, appliquant des méthodes variées; on discuta longuement ces méthodes d’enseignement individuel, simultané et mutuel; sous l’aiguillon de la concurrence, l’autorité municipale multiplia les salles d’asile et les écoles primaires, reprit aux hospices les écoles de filles, annexes des bureaux de bienfaisance, et les fit participer aux améliorations apportées dans l’instruction primaire des jeunes garçons. A côté de ces écoles, on fonda les classes d’adultes, les ouvroirs, les classes spéciales de dessin, les écoles primaires supérieures. Tandis que les frères de la doctrine chrétienne, soumis enfin à la mesure du brevet de capacité, continuaient de distribuer gratuitement l’enseignement simultané, le conseil municipal, pour élever le niveau de l’enseignement mutuel, créait ces grands établissemens modèles du faubourg du Roule, de Saint-Merry, des Bernardins, celui de la rue de Charonne, supérieur à tous les autres. L’institution de l’Orphéon, dont la méthode fut si promptement popularisée, révéla à la France une aptitude qu’elle ne se connaissait pas encore. Enfin les écoles communales supérieures achevèrent l’œuvre dont nous signalons l’origine et les progrès rapides. L’école de Saint-Laurent date de 1839 : pour une rétribution mensuelle de 13 francs, on peut, en trois ou six ans d’études, y acquérir une sérieuse instruction professionnelle. L’école François Ier fut ouverte en 1844 par suite d’une sorte de transaction entre les opinions du conseil municipal et celles des autorités universitaires au sujet de la fondation d’un nouveau collège dans les quartiers du nord de Paris. La création de ces écoles supérieures, auxquelles il faut joindre l’école de jeunes filles du passage Saint-Pierre, rue Saint-Antoine, entraînait de lourdes dépenses annuelles en raison du nombre des bourses que le conseil