Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 47.djvu/781

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parisienne formera toujours un élément dont il faut savoir mesurer l’influence sur les destinées mêmes du pays, puisqu’avec le principe de centralisation, sur lequel repose notre gouvernement, la prépondérance de la capitale ne cesse de s’accroître.

La question sociale et la question politique, qu’il s’agisse de la situation de Paris au point de vue général ou seulement au point de vue du régime municipal qui lui est propre, priment de beaucoup toutes les autres. La question financière a cependant aussi son importance, et, après avoir analysé les changemens apportés dans l’organisation administrative de Paris, il ne sera pas sans intérêt de suivre dans chacun des budgets municipaux, depuis le commencement du siècle, le développement des entreprises de tout genre qui ont si complètement modifié la physionomie extérieure de la ville et la vie économique de ses habitans. Que de transformations accomplies depuis 1800 ! Les diverses administrations chargées du soin de ses intérêts ont à tour de rôle opéré une sorte de métamorphose de Paris. Hôpitaux, hospices, prisons, écoles, voies publiques, monumens, accès plus large ouvert à l’air et à la lumière, distribution plus abondante et clarification des eaux, tout ce qui améliore et embellit l’existence des masses a été l’objet d’entreprises poussées avec plus ou moins d’activité selon les ressources du budget de la grande ville. Interroger les années si remplies qui ont vu s’accomplir ces transformations, contrôler le mouvement politique et moral par l’histoire du mouvement financier, comparer les revenus avec les charges, les dépenses avec les travaux faits, montrer enfin les résultats obtenus par chacune des administrations qui se sont succédé, ce ne sera pas, à coup sûr, une tâche mutile au moment où une impulsion plus vive que jamais est donnée dans Paris aux grands travaux publics.


I. — PARIS EN 1800. — O4GANISATION DE L’ADMINISTRATION MUNICIPALE. — PREFECTURE DE LA SEINE.

Qu’était Paris à la fin du dernier siècle, après les orages révolutionnaires et les embarras du directoire? Nous avons sous les yeux le plan de Paris dressé en 1800, divisé en douze arrondissemens et quarante-huit quartiers. Les limites de l’enceinte y sont figurées telles qu’elles existaient encore avant l’annexion de 1859. Les murs et les barrières qu’on a récemment démolis avaient été en effet construits sous Louis XVI, et l’on peut dire que dès 1800 Paris avait déjà l’étendue officielle qu’il conservait encore en 1859; mais, si l’enceinte était la même ; quelle différence dans le nombre.des habitans et des maisons, dans l’état matériel de la cité ? Du faubourg Poissonnière