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suffiront pour montrer les tristes conséquences de ce défaut d’organisation dans notre instruction secondaire. Nous avons aujourd’hui 87 lycées, dont 24 seulement sont dans les provinces méridionales, 2 en Sardaigne, et 61 dans le reste de l’Italie. A peu près la moitié de ces établissemens n’a été fondée que dans ces derniers temps, en improvisant en quelque sorte la plus grande partie du corps enseignant. Ces 87 lycées ne sont fréquentés aujourd’hui que par 4,000 élèves, dont à peu près 900 sont de la troisième année et doivent se présenter au dernier examen. Nous avons des lycées qui coûtent à l’état 30 ou 35,000 fr. par an, et qui n’ont que 12 ou 15 élèves. Nous avons en outre 25 instituts techniques, suivis en tout par 6 ou 700 élèves, dont un très petit nombre se prépare pour les écoles spéciales. D’où peuvent donc venir les 2,000 étudians qui entrent chaque année dans nos universités? Dans un rapport célèbre, présenté en 1842 sur l’état de l’instruction secondaire en France, M. Villemain se préoccupait avec raison du degré d’instruction qu’auraient dû recevoir dans les lycées un grand nombre d’employés supérieurs dont on n’exigeait aucun titre académique. En adoptant les chiffres de ce rapport et en les appliquant à l’Italie, qu’on accuse si souvent d’un excès de bureaucratie, nous devrions avoir annuellement 1,500 ou 2,000 places de ce genre à conférer. De quelles écoles sortent-ils donc, les volontaires et les appliqués de nos ministères, de nos préfectures, de nos tribunaux? Mais nous n’avons pas achevé ce triste tableau. En réunissant tous les élèves des gymnases, des lycées et des instituts techniques de tout le royaume, nous ne comptons pas 30,000 élèves, c’est-à-dire 1 élève pour 66 enfans, en état de recevoir l’instruction secondaire. La France, qui n’est pas le pays où cette instruction est le plus répandue, avait déjà du temps de M. Villemain une proportion presque double, 1 sur 35.

Les paragraphes 10 et 11 du budget traitent des écoles normales primaires et de l’instruction élémentaire. Bien avant l’année 1848, le Piémont avait établi des écoles de méthode, ou écoles normales primaires, qui ont fait un grand bien à cette province et plus tard au reste de l’Italie. C’est ainsi que, sous le rapport de l’instruction élémentaire, le Piémont et la Lombardie ne sont pas inférieurs aux états les plus avancés de l’Europe. Malheureusement on ne peut pas en dire autant des Romagnes, de la Toscane et des provinces méridionales, qui ont encore beaucoup de communes où il n’y a pas d’écoles primaires, surtout pour les filles. Les instituteurs sont généralement mal payés, et les écoles magistrales créées à la hâte à Naples et en Sicile n’ont pu produire jusqu’ici que des résultats imparfaits. Sur 3 millions d’enfans qui seraient en âge de suivre les écoles élémentaires, c’est certainement trop peu d’en avoir à peine