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pas assez d’hommes capables, ne pouvant les attirer par de gros appointemens, n’étant pas assez riches pour fonder et développer de grands établissemens, ils n’ont pu nécessairement conserver que des universités languissantes, où la vie intellectuelle et la discipline tendaient toujours à s’éteindre.

Ce n’est qu’en quelques provinces, par des combinaisons locales, par des efforts partiels et presque individuels, qu’un certain degré de vie et de célébrité s’est maintenu. Nous sommes ainsi arrivés à la révolution de 1859 en ayant dix-neuf universités; nous devrions dire vingt et une, car Rome et Padoue sont bien des universités italiennes. Les nouveaux gouvernemens, on l’a vu, se sont tous empressés avec un zèle louable d’améliorer et de développer l’enseignement supérieur en augmentant les appointemens des professeurs, le nombre des chaires, la dotation des établissemens scientifiques, et, comme si dix-neuf universités n’eussent pas été suffisantes, on a créé à Milan une académie de philosophie et de belles-lettres, à Florence un institut complet de sciences morales et politiques, de philologie, de sciences physiques et naturelles et de médecine. En un mot, tous les gouvernemens nouveaux de la Sicile, de Naples, de la Toscane, de l’Emilie, agissant comme si chacune de ces provinces devait devenir le véritable centre intellectuel de la péninsule, ont dû créer ainsi un fardeau insupportable pour les finances du royaume et faire ressortir plus que jamais la mauvaise organisation de l’enseignement supérieur. La plupart de nos universités, fréquentées par un très petit nombre d’élèves, placées dans des centres secondaires de population, manquent de vie; les salles des cours y sont vides, et les professeurs n’y trouvent pas l’aiguillon de la gloire et de l’émulation. Ces mauvaises conditions devaient-amener naturellement les conséquences fâcheuses que l’on observe aujourd’hui dans la discipline et dans les examens. La grande majorité des étudians, et il faudrait ajouter de leurs familles, en est arrivée à croire que les universités ne sont faites que pour conférer un titre académique et un diplôme avec la moindre dépense possible de temps et d’argent. En effet, dès qu’on a introduit d’une manière un peu brusque, comme l’a fait la loi de 1859, la liberté pour les étudians de se présenter aux examens de doctorat sans qu’un minimum d’années de cours ait été fixé, on a vu des jeunes gens prendre dans une aunée huit, dix et même douze inscriptions, et se présenter aux examens de doctorat en droit et en médecine après trois et même deux années seulement d’études. Autre exemple : les taxes universitaires étant beaucoup plus fortes à Pavie qu’à Modène et à Parme, les étudians de Pavie ont aussitôt émigré en grand nombre pour aller passer leurs examens dans les universités de l’Emilie. Lorsque nous avons voulu, comme c’était notre