Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 47.djvu/723

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et de chirurgie. Il fallait cinq années d’étude pour devenir docteur en droit et douze pour devenir docteur en théologie. Pierre de La Vigne, secrétaire de l’empereur, fut chargé de dresser des règlemens pour l’université et de faire traduire, les ouvrages grecs et arabes qui devaient servir dans les écoles. On appelait à Naples les savans les plus célèbres de l’Italie et de l’étranger. Saint Thomas d’Aquin, qui y enseignait le droit canonique, recevait une once d’or (61 francs) par mois, et le fameux jurisconsulte Belviso était payé 50 onces d’or par an. On défendait rigoureusement tout ce qui pouvait faire concurrence à l’université de Naples : les lois punissaient de trois ans d’exil les étudians qui avaient suivi des cours privés; il était interdit, sous les peines les plus graves, d’établir des écoles dans les autres villes du royaume, et il n’y avait d’exception à cette règle que pour l’école de médecine de Salerne. En même temps, pour attirer à l’université de Naples les étudians des différentes parties de l’Italie, on leur accordait l’exemption de toute espèce d’impôts pour les objets nécessaires à la vie, et on nommait un magistrat qui n’avait d’autre soin que de défendre leurs intérêts contre l’avidité des marchands de vivres et des loueurs de maisons. Des règlemens spéciaux interdisaient cependant les cours de l’université aux jeunes gens de Milan, de Brescia et des autres villes lombardes qui étaient alors en révolte contre l’empereur; c’est là une sorte d’interdiction dont les universités italiennes ont offert beaucoup d’exemples en raison des luttes politiques qui ont si longtemps agité la péninsule. Les successeurs de Frédéric II jusqu’à la reine Jeanne ne cessèrent de s’intéresser aux progrès de l’université de Naples. Sous cette reine furent publiées les Pragmatiques, qui forment un règlement universitaire très complet ; elles établissaient des collèges d’examinateurs et réglaient minutieusement la forme des examens, jusqu’à décrire les cérémonies qui devaient accompagner la réception des docteurs. On y remarque la mention de cinq inscriptions ou immatriculations nécessaires pour ceux qui voulaient se présenter au doctorat. Il est curieux d’y trouver indiqués les cadeaux que les candidats devaient faire avant l’examen au prieur du collège et aux examinateurs : un étui d’argent de la valeur de 5 ducats (à peu près 50 fr.), une bourse, des gants, un peigne d’ivoire, un anneau[1]. En même temps que se fondèrent les collèges d’examinateurs, des institutions d’enseignement privé s’établirent à Naples, et les cours de l’université cessèrent d’être uniquement suivis. A dater de cette époque, les historiens signalent la décadence des études et l’indulgence excessive apportée dans les examens. Ils se plaignent que l’épreuve du doctorat soit devenue une

  1. L’offre de ces mêmes cadeaux était encore en usage, il y a quelques années, dans l’université de Pise.