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de l’instruction publique est en ce pays le plus populaire des départemens ministériels, celui auquel le public montre le plus de bienveillance. Voilà une leçon dont l’Italie ne saurait trop profiter, car si l’on y rencontre quelques esprits éclairés qui attachent une importance capitale à la création d’un système national d’enseignement et d’éducation, il n’est malheureusement que trop vrai que l’opinion publique ne s’émeut pas, comme elle le devrait, de l’infériorité des écoles italiennes, et ne se préoccupe pas assez de la gloire scientifique et littéraire d’une nation dont les plus beaux titres dans l’histoire sont bien ceux qu’elle a conquis par la culture littéraire et l’invention scientifique. Il faut relever les études dans la péninsule, il faut préparer aux générations qui vont venir des institutions propres à augmenter leur savoir, à fortifier leur jugement et leur caractère.

Peut-être nous sera-t-il permis, à nous qui avons longtemps vécu au milieu des universités italiennes, qui avons même eu l’honneur, à une époque assez récente, de diriger l’instruction publique dans le gouvernement de notre pays, peut-être nous sera-t-il permis d’exposer nos vues sur l’œuvre de la réforme scolaire telle qu’elle est commencée, telle qu’elle devrait se poursuivre. Quel principe nous guidera dans cette étude? Si, pour nous éclairer à cet égard, nous jetons un coup d’œil sur les différentes nations de l’Europe et si nous cherchons quelle est pour chacune d’elles l’idée principale qui préside à l’enseignement, nous verrons d’abord qu’en Angleterre c’est l’église ou plutôt l’influence religieuse qui prévaut dans l’instruction publique. Dans les écoles classiques aussi bien que dans les écoles élémentaires, il s’agit surtout, disent les Anglais, de créer une forte discipline morale. Un règlement récemment établi par le privy council of education prescrit que les écoles, pour être assistées, devront appartenir à un culte reconnu et que la Bible devra y être lue tous les jours sur une version autorisée. En France, l’instruction publique, comme toutes les autres parties de l’organisation sociale, ne pouvait être fondée et soutenue que par l’état; c’est une nécessité qui résulte à la fois de la révolution et du génie même de la nation. L’église catholique, c’est un fait, ne peut plus, dans nos sociétés, être chargée de l’instruction de la jeunesse comme elle l’était autrefois; elle n’a point d’aptitude à enseigner les sciences modernes, et parmi les études morales la théologie n’occupe plus le premier rang. La France, comme tous les pays catholiques, a donc été obligée de fonder en dehors de l’église son système d’éducation nationale, et l’état a dû prendre là haute direction des études. L’esprit qui a présidé à cette fondation est indiqué très nettement par l’empereur Napoléon Ier lui-même, dont un rapport de Fourcroy et Fontanes sur l’université cite les paroles: « Parmi les questions