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l’ébullition, détruit tous les germes, et qui sont d’ailleurs conservées dans une atmosphère artificielle d’air qui, après avoir traversé un tube de platine chauffé au rouge, ne peut plus contenir aucun organisme vivant. L’on y voit apparaître bientôt une abondance de végétaux cryptogamiques ou de petits animalcules dits infusoires : ce sont des mucors ou mycodermes, qui couvrent le liquide d’une pellicule grasse et gélatineuse, des mucédinées, moisissures formées de petits tubes accolés, des torulacées, ou plantes non tubulées, qui s’attachent au fond des vases. Les animaux sont des infusoires, de petites monades, des bactérium, des vibrions. Les bactérium, surtout les bactérium termo, sont en immense abondance dans l’air. Cet être infime, l’un des plus petits parmi les infusoires, se trouve dans toutes les substances en putréfaction. Les bactérium fourmillent dans le canal intestinal de l’homme, et se retrouvent obstinément jusque dans cette matière blanche qui s’amasse tous les jours entre les dents. On les voit dans le lait caillé en compagnie des vibrions. Ceux-ci sont les plus vivaces peut-être des infusoires; leurs germes ne sont pas tués par une température de 100 degrés centigrades : il faut pousser au-delà pour les anéantir. Les spores des mucédinées sont encore plus réfractaires ; ils demeurent féconds jusque vers 120 degrés centigrades. Toutefois une courte exposition à 130 degrés enlève toute fécondité même aux plus impressionnables; mais, dans la nature, ni spores, ni végétaux, ni germes animaux ne sont jamais exposés à une chaleur qui puisse les rendre stériles.

Au lieu d’arrêter les particules solides de l’air sur des bourres de coton-poudre, on peut aussi les retenir sur des tampons d’amiante, et l’on reproduit, en opérant de cette façon, des phénomènes identiques. On a soin préalablement de chauffer l’amiante, pour y détruire tous les germes qui pourraient accidentellement y être logés. En ne laissant arriver l’air à des infusions que privé de germes féconds par une forte chaleur, on réussit à conserver intacts les liquides les plus facilement altérables, les liquides organiques par exemple, pour peu qu’on les ait fait bouillir, afin de détruire tous les germes dans la liqueur elle-même. Le principe d’altérabilité ne se trouve donc pas dans les infusions organiques, et toutes les fois qu’on en écarte les germes atmosphériques, on les voit aussi stables que les liqueurs ordinaires de la chimie minérale. Il n’est au reste pas même nécessaire de conserver les infusions dans une atmosphère artificielle, calcinée dans son passage à travers un tube métallique porté au rouge. On peut les garder vierges dans l’atmosphère ordinaire, si l’on a soin d’étirer le col du ballon de manière à lui donner des courbures diverses : cela suffit pour que les germes ne puissent être transportés jusqu’à la liqueur; ils s’arrêtent