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LES
FOUILLES DE POMPÉI
DEPUIS LA RÉVOLUTION ITALIENNE

La ville ancienne si merveilleusement ressuscitée qui s’appelle Pompéi a toujours appelé sur elle l’intérêt des plus doctes comme des plus simples, des antiquaires comme des curieux. Qui pourrait s’en étonner ? Sans doute cette ville était petite et obscure, bien que Tacite l’ait proclamée célèbre ; mais elle nous offre un ensemble incomparable de renseignemens sur la vie privée et publique des anciens. C’est ainsi qu’elle séduit tous les passans par l’attrait d’une sorte de dénonciation, et que, laissant à Rome l’honneur de déclamer les annales du Forum et les métamorphoses de la basilique, elle nous raconte mystérieusement la chronique familière de la maison, comme si elle abandonnait les solennelles confessions de l’histoire pour s’en réserver les piquantes confidences. Aussi la ville retrouvée est-elle de nos jours assidûment visitée par les voyageurs les moins lettrés, qui en rapportent une impression très vive et très personnelle ; tous confessent que, malgré les avertissemens des itinéraires, ils ne s’attendaient point à ce qu’ils venaient de voir. Cet intérêt populaire s’accroît et s’étend à mesure que les voyages deviennent plus faciles; en revanche, c’est l’intérêt scientifique qui, nous le craignons, souffre un peu.

Il fut un temps où l’Europe entière avait les yeux fixés sur Pompéi, et depuis le livre de G.-H. Martini, das Gleichsam auflebende Pompeji, publié à Leipzig en 1779 (le premier travail sérieux écrit sur la ville ressuscitée), jusqu’au Pompeji du docteur Overbeck, imprimé dans la même ville en 1856, il ne s’était point passé d’an-